Un budget de 500 000 euros et huit mois de tournage
Jean François LEPETIT aurait bien aimé que Le Monde selon Bush soit retenu à Cannes. Le producteur de Flach Film a envoyé une copie du documentaire de William Karel à l’équipe de sélection du festival, qui le prévient que le film de Michael Moore, Fahrenheit 9/11, sur le même sujet, est attendu et qu’il ne pourra y avoir deux films contre George W. Bush.
Au tout dernier moment, le producteur apprend le choix du film américain. « Un peu dur » pour celui qui a produit Trois hommes et un couffin, Sous le soleil de Satan, Romance ! Il trouve que le film de Karel « n’est pas démagogique », qu’il est « plus rigoureux et dense ».
Le projet remontait à février 2003. Jean-François Lepetit lit dans l’avion La Guerre des Bush, d’Eric Laurent, qui révèle d’étranges zones d’ombre autour du conflit en Irak. “Ce livre m’a confirmé dans ma révolte face à tout ce qui se passait, dit le producteur. J’ai aussitôt eu envie d’en faire un film dont l’impact serait plus grand”. Il appelle l’auteur, qui prépare un deuxième livre, Le Secret des Bush. Il achète les droits des deux ouvrages et contacte des cinéastes, Barbet Schroeder, Costa-Gavras et Karel. Ce dernier est disponible. Différentes chaînes sont contactées. Yves Jeanneau, responsable de l’unité documentaire de France 2, réagit le premier et apporte 150 000 euros dans une production dont le budget, un peu plus gros que d’habitude pour un 90 minutes, s’élève à près de 500 000 euros (sans compter les ventes, il y aura des préachats de télévisions suisse, belge et australienne). William Karel commence le travail en septembre. Le tournage s’étale sur huit mois. Le producteur sait que le réalisateur a besoin de prendre ses distances par rapport aux livres et de faire « son » film.
Cinq jours après sa diffusion sur France 2, le documentaire de William Karel sortira au cinéma (mercredi 23 juin à Paris). Deux DVD sont prévus (Editions Montparnasse). Le premier, début juillet ; le deuxième, en octobre, plus complet (format 2 × 52 minutes, avec des bonus). L’éclat de la Palme d’or ne gène-t-il pas la sortie du film de Karel ? « C’est un peu plus difficile d’exister », répond le producteur.
Propos recueillis par Catherine Humblot
12 juin 2004