Prends moi la main camarade
Prends moi la main camarade
Ce documentaire premier d’une série en trois volets consacrée aux rapports qu’entretiennent les artistes avec le pouvoir politique, analyse les relations des créateurs français avec le Parti communiste français, de la Libération à 1968. Les deux suivants (diffusés les 4 et 11 décembre) évoqueront les années 1968-1981, de la remise en question des valeurs culturelles à l’élection de François Mitterrand, puis de la période du premier septennat (1981-1988), années flamboyantes pendant lesquelles la désillusion succédera à l’idôlatrie et verra la culture devenir une affaire d’État. Le premier film suit le parcours de chanteurs (Yves Montand, Juliette Gréco, Jacques Brel, Jean Ferrat), d’acteurs (Simone Signoret, Marina Vlady), de peintres (Picasso), d’écrivains (Sartre, Aragon, Duras) ou d’hommes de théâtre (Jean Vilar, Gérard Philippe) transportés pas l’espoir d’une société nouvelle que représentait alors le communisme. “Au sortir de la guerre, on ne pouvait que penser générosité, utopie et amour” explique Juliette Gréco qui ne prit jamais sa carte au PC mais l’accompagna avec enthousiasme jusqu’à l’entrée des chars soviétiques à Budapest en 1956 : “Là, on s’est senti trompé, humilié, malheureux…” D’autres, comme Aragon, justifieront “la fin sublîme qui excuse les moyens horribles“. Au travers de témoignages sensibles et l’analyse de l’historien Pascal Ory, on comprend les ressorts de la relation passionnelle qui unit les artistes au Parti dans cette époque fougueuse et passionnée.
Anne Sogno
24 novembre 2016 – Tele Obs