Note d’intention de Lorenzo Gabriele concernant DES ROSES EN HIVER
A-t-on le droit de choisir le moment où l’on veut quitter ce monde ? C’est une question d’actualité, mais bien plus que cela, une question intime qui nous interpelle tous et résonne profondément en nous. Un des points de départ du scénario est la mise en parallèle de deux souffrances : celle de Jean, épuisé par les traitements de son cancer sans espoir de rémission, avec au bout l’issue certaine de la mort. Et celle de Madeleine, pour qui le départ choisi de Jean provoque une souffrance morale si insurmontable qu’elle envisage de s’en aller avec lui. L’onde de choc qui se propage sur leurs trois enfants déjà adultes va provoquer une vraie remise en question de chacun des personnages, et réveiller dans la famille les non-dits et les problèmes du passé.
Et c’est cette idée maîtresse qui m’a énormément séduit dans le projet. Plutôt que de traiter uniquement du problème sociétal qu’est l’euthanasie, le scénario aborde sur le ton de la tragi-comédie le point de vue de ceux qui restent, et questionne sans cesse leur humanité et leur rapport aux autres, dans un univers familial très fort. Je veux faire un film de contrastes, à la fois touchant, poignant, et porteur d’espoir, naturel et fort en sentiments, à l’image de la vie.
Visuellement, le film sera élégant et simple. L’esthétique et la mise en scène s’inspireront de tous les détails de nos existences. Des cadres signifiants, où parfois l’oeil navigue pour aller chercher ce qu’il veut voir, une lumière douce, un traitement simple, coulant comme une évidence.
Je veux aussi transmettre au spectateur une impression de vérité, en favorisant dans tous les domaines du film la sincérité, naviguant de manière fine entre la profondeur et la légèreté. Cette impression de naturel, de vérité, sera également renforcée par le choix des décors et des costumes. Tous les départements artistiques s’efforceront d’achever cette vision et d’embarquer le spectateur dans un univers qu’il connaît bien : celui de la vie, si belle et si cruelle parfois.
Au niveau de la direction d’acteurs, je favoriserai aussi la sincérité des sentiments humains. Pour moi, les choses importantes passeront autant par les regards et les attitudes, que par les dialogues, pour apporter au film une vraie profondeur.
Plus qu’un film sur la mort, je veux faire une ode à la vie, un film qui fait réfléchir, et dont les personnages nous ressemblent et nous rapprochent par notre humanité commune.
Lorenzo Gabriele
Auteur – Réalisateur