Le temps de la kermesse est terminé
(Continent blanc)
Au milieu d’un désert, quelques cases, une paillote, une pompe à essence et un Français. Alex n’est pas d’ici, mais presque. Il connaît cette Afrique, il y travaille de chantier en chantier. Tombé en panne de voiture dans le village, il attend…
Chaleur, silence de mouches, vent. Alex est assis sur une natte, regard perdu sur le mur de torchis. Un peu raciste ou juste inquiet, moche de certitudes, il observe en ricanant. Alors on l’examine avec moquerie. Sans cesse, des jeunes poussent sa voiture au sommet d’une colline pour la faire redémarrer. Ils échouent. Il paie. Ils recommencent. Il porte l’argent en liasse, ils en savent la valeur.
Entre deux tentatives vaines, Alex boit les bières à flot, parlemente avec des soldats, fraternise avec le banni mal revenu de France, baise en sale mec la belle qui cuit son riz. Et il s’énerve aussi, avec des rages de colon spolié. Il veut continuer sa route, Alex, mais le village a d’autres projets pour lui.
Sous la direction de Frédéric Chignac, Aïssa Maïga ou Malik Sall tiennent magnifiquement tête à Stéphane Guillon, un Alex harassé, complexe et dérangeant. Sa pâleur l’expose, sa dureté le protège. Ni noir ni vraiment blanc, il erre entre deux gris. Alors il va déplaire, Alex, forcément. Comme on se déteste parfois le lendemain, en regardant sa glace.
Sorj Chalandon