interview de romain Goupil concernant A ma SOEUR !
Je connaissais bien l’univers de Catherine Breillat, et nous nous étions déjà rencontrés. Lorsqu’elle a fait appel à moi, j’ai tout de suite donné mon accord, avant même d’avoir lu le scénario, sans chercher à savoir ce qu’elle avait derrière la tête en me choisissant pour ce rôle. Je lui ai dit que si elle me prenait comme acteur, c’était à ses risques et périls ! Ce père indifférent à sa famille, uniquement préoccupé de ses propres affaires, est plutôt antipathique. Je me moquais de Catherine en lui disant que s’il m’avait choisi, c’était parce qu’elle avait été déçue par Rocco Siffredi ! (rires) .
Sur le plateau, j’ai essayé d’être complètement à sa disposition, d’être parfaitement disponible en oubliant que j’étais moi aussi metteur en scène. Mais j’étais assez inquiet de mes propres capacités. Catherine est très exigeante dans son travail, elle recherche quelque chose de très précis, qui n’est pas toujours facile à exprimer, mais qu’elle cherche sans relâche. Elle ne peut pas toujours donner d’explication, il faut simplement avancer dans la scène pour que ça se clarifie peu à peu.
J’ai beaucoup appris sur le métier de comédien en me retrouvant de l’autre côté de la caméra, à guetter le moindre geste, le moindre regard du metteur en scène. De plus les comédiens composent très vite une famille. Ici, très naturellement, la famille qui était dans la fiction se recomposait hors champ. Mais le film soulevait aussi la fragilité de nous tous. C’est pour cela qu’on était très proches, très soudés.