Réalisateur
Produit par Adam Leibovitz et Jean-François Lepetit
Une coproduction Flach Film Production – LCP Assemblée nationale
En partenariat avec France Culture – avec la participation de TV5MONDE et du CNC
Avec le soutien de la PROCIREP- Société des Producteurs et de l’ANGOA
Montage : Flavie David
Musique : Valentin Portron
Voix de : Mathieu Amalric - Beulah Borr - Valérie Dréville - Elsa Lepoivre (sociétaire de la Comédie Française) - François Marthouret - Denis Podalydès (sociétaire de la Comédie Française)
Durée : 67 mn
REVUE DE PRESSE
La Diaspora des Cendres en rediffusion sur LCP
Avant d’être un doc télé, ce fut une œuvre radio de Sophie-Aude Picon, diffusée sur France Culture en 2021. Un […]
LCP : le documentaire inédit de William Karel, «La diaspora des cendres» lundi 31 janvier
Lundi 31 janvier à 20h30, LCP proposera le film événement inédit de William Karel, «La diaspora des cendres», suivi d’un […]
Dire l'indicible
Dans “la Diaspora des cendres”, William Karel entrelace textes de victimes et de bourreaux pour raconter l’Holocauste. Une œuvre puissante. […]
La solution finale : froide autopsie d'un massacre annoncé
William Karel montre la logique de l’entreprise d’extermination qu’a été la Shoah, par un énorme travail basé sur de nombreuses […]
La diaspora des cendres
Documentariste reconnu, William Karel a accumulé un nombre impressionnant de documents sur la mise en place et le fonctionnement de […]
L'indicible de la Shoah
Un documentaire puissant diffusé à l’occasion de la commémoration de la libération des camps de concentration. « Nous voulions parler, […]
La Diaspora des Cendres en rediffusion sur LCP
Avant d'être un doc télé, ce fut une œuvre radio de Sophie-Aude Picon, diffusée sur France Culture en 2021. Un montage de textes contemporains de la Shoah, choisis par William Karel et lu par de grands comédiens, sur la destruction des Juifs d'Europe à travers de multiples sources et points de vue. S'y mêlent des extraits de lettres, d'ordonnances, de notes, d'articles de presse et de récits écrits par des victimes comme par des bourreaux, des officiers de la SS et de hauts dignitaires nazis, ainsi que par de grands auteurs (Primo Levi, Charlotte Delbo...) ou des femmes et des hommes dont on ignore le nom.Disponible à la réécoute sur France-culture.fr, cette excellente production éclaire une histoire cent fois abordée d'une lumière qui en réactive la perception. Qu'apporte sa mise en images, se demande-t-on en découvrant la version audiovisuelle qu'en propose LCP ? En remplissant l'espace accordé à l'imaginaire de l'auditeur, les images tirées de fonds d'archives sur les camps ou la situation des Juifs d'Europe avant les déportations ou celles tournées par William Karel enrichissent moins les textes remarquablement lus par Valérie Dréville, Denis Podalydès ou Mathieu Amalric qu'ils n'en réduisent la portée.
François Ekchajzer
LCP : le documentaire inédit de William Karel, «La diaspora des cendres» lundi 31 janvier
Lundi 31 janvier à 20h30, LCP proposera le film événement inédit de William Karel, «La diaspora des cendres», suivi d’un débat présenté par Jean-Pierre Gratien. Dans ce documentaire sur la «Solution Finale», il n’y a ni commentaire, ni témoin. Uniquement des images actuelles d’Auschwitz et des lieux d’extermination, longuement filmés de jour et de nuit, s’entremêlant avec de nombreuses photos dépeignant la situation des Juifs avant la déportation, les rares clichés de l’arrivée des déportés, ainsi que d’innombrables dessins de Sonderkommandos, fenêtres ouvertes sur l’horreur.Sur ces images, six voix (Mathieu Amalric, Beulah Borr, Valérie Dréville, Elsa Lepoivre, François Marthouret, Denis Podalydès) lisant des témoignages de victimes et de bourreaux, les croisant et les
opposant.
Une coproduction Flach Film production et LCP-Assemblée nationale, en partenariat avec France Culture.
Dire l'indicible
Dans “la Diaspora des cendres”, William Karel entrelace textes de victimes et de bourreaux pour raconter l’Holocauste. Une œuvre puissante.
Pourquoi avoir choisi de réaliser un documentaire sans commentaire ?
William Karel. Depuis «La Rafle du Vél’d’Hiv… 50 ans après - Opération vent printanier», réalisé avec Blanche Finger, en 1992, j’ai conservé, au fil de mes différents documentaires sur la Shoah, de nombreux textes. Un jour, j’ai eu envie de les rassembler pour raconter dix ans d’histoire, depuis les lois de Nuremberg de 1935 jusqu’à la Libération. Très forts, ils se suffisent à eux-mêmes. Nul besoin d’analyses d’historiens ou de témoignages a posteriori. Ce sont des extraits de journaux intimes, des lettres envoyées par des prisonniers ou jetées du train par des déportés dans l’espoir qu’elles soient trouvées et transmises à leurs familles. Mais aussi des morceaux de carnets de survivants, des écrits cachés des Sonderkommandos [unités de travail dans les camps d’extermination, composées de prisonniers, juifs pour la plupart, forcés à participer au processus de la solution finale, NDLR]… L’idée était de réunir tout ce qui était éparpillé, mémoire de ceux que l’on a brûlés pour les faire disparaître – d’où le titre, emprunté à un chapitre du livre « la Mort des juifs » (2008), de l’historienne Nadine Fresco – et de mettre en parallèle des circulaires ministérielles, notes de service des responsables d’Auschwitz, réclamations à propos de problèmes techniques, lettres de soldats allemands...
A l’origine, il s’agit d’une œuvre purement sonore.
Après avoir mis ces textes bout à bout pour créer une narration chronologique, j’ai demandé à plusieurs comédiens – Mathieu Amalric, Valérie Dréville, François Marthouret, Beulah Borr et les sociétaires de la Comédie-Française Elsa Lepoivre et Denis Podalydès – de les lire. Il s’agissait de les énoncer sur un ton neutre, comme on le ferait pour un rapport d’autopsie, afin de ne pas ajouter de l’émotion à l’émotion. Cela a donné lieu à une émission spéciale de «Fictions/Théâtre et Cie» sur France Culture. Nous avons réalisé le film à partir de ce document radiophonique, avec la même bande-son – même si nous avons dû faire des choix pour réduire la longueur –, que nous avons illustré par de longs plans d’Auschwitz tournés sur place, de jour et de nuit. A cela, nous avons ajouté des photos d’archives et des illustrations de David Olère. Ce peintre juif polonais installé en France, déporté au camp d’Auschwitz-Birkenau, a été employé dans une équipe de Sonderkommandos chargée d’évacuer les cadavres des chambres à gaz. Un témoin majeur qui n’a jamais cessé de peindre ce dont il avait été témoin.
Tous ces textes, qu’il s’agisse de froides notes administratives ou d’écrits bouleversants de victimes, donnent corps, au travers de multiples détails, à l’horreur… Le croisement de ces voix, celles des victimes et des bourreaux, montre en effet combien l’horreur se dissimule, à chaque étape, dans ce qui pourrait parfois sembler insignifiant. Or c’est exactement l’inverse. Une des premières mesures prises contre les juifs, en Allemagne, leur interdisait d’acheter des fleurs ou de posséder un oiseau. A Paris, une note interne demande aux policiers qui viennent arrêter les familles de veiller à bien confiner leurs animaux de compagnie à la concierge de l’immeuble et de couper l’eau de leur appartement. A l’entrée des chambres à gaz, dans le cynisme le plus total, on demande aux déportés de se souvenir du numéro de crochet sur lequel ils déposent leurs vêtements… alors qu’ils ne les récupéreront jamais, bien sûr.
Sur les trente documentaires que vous avez réalisés, ce film est le quinzième consacré à l’Holocauste. Vous semble-t-il fondamental de continuer encore et toujours à documenter cette barbarie ?
Les nazis ont voulu faire disparaître les juifs mais aussi les traces et les témoins de leur disparition. Dès lors, je vois comme une mission de raconter cette histoire pour que l’on n’oublie pas. La plupart de ceux qui ont vécu cette horreur ne sont jamais revenus pour témoigner. Et ceux qui en sont revenus ont eu tant de mal à s’exprimer. Comment confier à leurs familles, amis ou voisins dans quelles conditions abominables les leurs avaient été assassinés ? Et puis on ne voulait pas non plus les entendre. Il ne restera bientôt plus un seul témoin. Il me semble donc indispensable de poursuivre ce travail de mémoire.
A fortiori à l’heure où sévit un certain révisionnisme, comme lorsque Eric Zemmour affirme que «Pétain a sauvé des juifs français» ?
Oui, car comment peut-il affirmer une telle chose ? Il ne s’appuie sur aucune réalité historique. Dans le film, réalisé avant cette polémique, nous citons des documents officiels prouvant que la France a, d’entrée de jeu, eu l’intention de livrer les juifs étrangers puis français. Et c’est ce qu’elle a fait. Le gouvernement de Vichy a même donné aux Allemands ce qu’ils ne demandaient pas : les enfants. C’est bien Laval qui a proposé de les inclure dans la rafle du Vél’d’Hiv des 16 et 17 juillet 1942. Mais malheureusement, Eric Zemmour n’est pas le seul. Quand j’entends parler d’Auschwitz comme d’un camp de concentration et non d’extermination, que j’écoute les paroles du rappeur Freeze Corleone dans son morceau intitulé «Rien à foutre de la Shoah», que je vois proliférer les négationnistes sur les réseaux sociaux qui justifient leur antisémitisme en faisant l’amalgame entre les juifs et Israël… Tant qu’on remettra en cause la vérité, je ne cesserai de revenir à ce sujet et de raconter cette barbarie.
Propos recueillis par Hélène Riffaudeau
La solution finale : froide autopsie d'un massacre annoncé
William Karel montre la logique de l’entreprise d’extermination qu’a été la Shoah, par un énorme travail basé sur de nombreuses archives.Comment la Shoah a-telle pu arriver ? Comment s’est installé le climat qui a permis que l’Europe massacre et fasse disparaître plus de 5 millions de personnes ? Le documentariste William Karel a recueilli une masse impressionnante de lettres, avant, pendant et après la guerre, d’articles de journaux, de notes de service de SS. Il les fait lire à six comédiens, dont Denis Podalydès et Mathieu Amalric.
Les premiers témoignages recueillis sont allemands et remontent à l’année 1935, en Allemagne. Ce sont des paroles inquiètes, devant les restrictions de liberté. Victor Kemplerer, mort des suites des persécutions, parle ainsi du regroupement de tous les juifs dans les mêmes immeubles, avec interdiction d’en sortir après 20 heures, interdiction « de la radio, d’utiliser le téléphone, d’aller à la piscine, au théâtre, au cinéma, à un concert, dans une bibliothèque ou une gare, de s’asseoir dans un jardin public, de monter dans un tramway, d’acheter des jeux, des fleurs, du café, du chocolat, des fruits ». Mais aussi « d’aller chez le coiffeur, de posséder une machine à écrire, un vélo, une chaise longue, d’avoir des animaux de compagnie ».
La presse, les discours de Göring ou des sbires d’Hitler distillent des extraits de langage épouvantable, qui comparent les juifs à des parasites qu’il faut éliminer. Et la solution finale se met en place. Sans aucun état d’âme. Les anciens déportés témoignent, bien sûr. Et Karel convoque les fantômes de Jorge Semprun, Marceline Loridan-Ivens, Charlotte Delbo. La parole de Ginette Kolinka. Les esprits sont préparés et, comme le note Simon, lui aussi mort en déportation, après que les livres eurent brûlé en autodafés, « ceux qui protestaient se sont habitués » et « l’indignation s’atténue ». Ceux qui n’ont pas fui sont pris dans une nasse : leurs biens ont été confisqués, et ils n’ont plus de passeport. Prisonniers.
Les mêmes lettres racontent la complicité entre les polices française et nazie, le cauchemar du Vél’d’Hiv, de tout le système concentrationnaire. Photos à l’appui, on voit débarquer à Auschwitz des familles entières, dont on sait qu’elles seront quelques instants plus tard massacrées. Le réalisateur a retrouvé des lettres jetées des trains, des morceaux de papier où des détenus, au péril de leur vie, racontent Auschwitz. Le documentaire est cru. Brutal même. Mais nécessaire : les nazis ont fait en sorte de laisser le moins de traces possible, et les témoins de cette époque meurent. Pour
faire vivre la mémoire, il est bon de la faire fonctionner.
Caroline Constant
La diaspora des cendres
Documentariste reconnu, William Karel a accumulé un nombre impressionnant de documents sur la mise en place et le fonctionnement de la Solution finale : journaux intimes, billets jetés des trains par les déportés, lettres de prisonniers juifs, de SS, de fonctionnaires français, circulaires ministérielles, notes de service des responsables d’Auschwitz… À partir de ces différents matériaux, il a construit ce film, entrelaçant textes des victimes et des bourreaux lus par des comédiens (Mathieu Amalric, Valérie Dréville, François Marthouret, Elsa Lepoivre et Denis Podalydès), sur des images d’Auschwitz aujourd’hui, des photos d’époque et des dessins de déportés. Un récit sans commentaire, aussi glaçant qu’une autopsie.
Marie-Hélène Servantie
L'indicible de la Shoah
Un documentaire puissant diffusé à l’occasion de la commémoration de la libération des camps de concentration.« Nous voulions parler, être entendus enfin. À peine commencions nous à raconter, que nous suffoquions. À nous-mêmes, ce que nous avions à dire commençait alors à nous paraître inimaginable », écrit Robert Antelme, rescapé d’un camp nazi, dans L’Espèce humaine. C’est cet impensable que William Karel donne à entendre et à voir dans La Diaspora des cendres, recueil brut, sans commentaire, de textes de victimes et bourreaux de la Shoah, anonymes ou célèbres. Auteur d’une quinzaine de films sur la question juive – Contre l’oubli, Album(s) d’Auschwitz, Jusqu’au dernier : la destruction des juifs d’Europe… –, ce grand documentariste aux 80 printemps passés ressentait le besoin de coucher sur bande-son et pellicule des mots et images qui lui avaient été confiés au cours de ses recherches.
« J’avais le regret de ne pas avoir utilisé de nombreux documents que je conservais sur mon ordinateur », confiait-il en mai dernier, alors que France Culture diffusait La Diaspora des cendres. Un documentaire sonore de deux heures d’une rare puissance, tissé des témoignages de prisonniers des camps ou de soldats SS lus sans pathos par six voix dont deux pensionnaires de la Comédie-Française (Elsa Lepoivre et Denis Podalydès). À l’occasion de la commémoration de la libération des camps de concentration, LCP en propose une version télévisée d’une heure. Les témoignages, glaçants ou cyniques, résonnent sur des images de propagande nazie, des plans fixes d’Auschwitz, des dessins horrifiques de lieux d’extermination ou des photos de sacs de cheveux en partance pour la confection de pantoufles en Allemagne…
William Karel craignait que les images n’érodent la puissance des mots lus. Il n’en est rien. Si le documentaire convoque moins l’imagination que sa version sonore, il montre avec la même force l’efficacité de l’entreprise de déshumanisation et d’exaltation de la haine qui mène à l’« inimaginable ».
Aude Carasco