JANE EYRE

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JANE EYRE
un film de Franco ZEFFIRELLI 1996

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Roman heureux, "Jane Eyre" eut un très grand succès dès sa première parution. Et un grand retentissement. Pourtant, le récit montre, à première vue, les éléments typiques du romantisme de l'époque et n'est pas exempt de stéréotypes littéraires : la pitié pour l'enfance maltraitée, un orphelinat lugubre, la misère de la solitude, etc. Mais il y avait un élément tout à fait nouveau qui rend encore aujourd'hui le roman très "différent" : le caractère de son héroïne, Jane Eyre, justement, premier exemple de représentation d'une femme consciente d'elle-même, de sa volonté, de sa dignité, de ses sentiments. Une femme pleinement moderne  qui agit, parle et bouge avec une pleine conscience de ses droits et de ses devoirs : héroïque sans bravade, fière sans arrogance, honnête sans pleurnicherie, "amante" sans luxure. Un personnage que l'on peut très bien re-proposer aujourd'hui, dans un monde si tourmenté et assoiffé d'idéaux.    

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REVUE DE PRESSE

Note d'intention de Franco Zeffireli Concernant Jane Eyre

Roman heureux, "Jane Eyre" eut un très grand succès dès sa première parution. Pourtant, le récit montre, à première vue, les éléments typiques du romantisme de l'époque et n'est pas exempt de stéréotypes littéraires. Mais il y avait un élément tout à fait nouveau qui rend encore aujourd'hui le roman très "différent" : le caractère de son héroïne, Jane Eyre.

Note d'intention de Franco Zeffireli Concernant Jane Eyre

Roman heureux, "Jane Eyre" eut un très grand succès dès sa première parution. Et un grand retentissement. Pourtant, le récit montre, à première vue, les éléments typiques du romantisme de l'époque et n'est pas exempt de stéréotypes littéraires : la pitié pour l'enfance maltraitée, un orphelinat lugubre, la misère de la solitude, etc. Mais il y avait un élément tout à fait nouveau qui rend encore aujourd'hui le roman très "différent" : le caractère de son héroïne, Jane Eyre, justement, premier exemple de représentation d'une femme consciente d'elle-même, de sa volonté, de sa dignité, de ses sentiments. Une femme pleinement moderne (chose impensable à l'époque -le roman se déroulant vers 1830-) qui agit, parle et bouge avec une pleine conscience de ses droits et de ses devoirs : héroïque sans bravade, fière sans arrogance, honnête sans pleurnicherie, "amante" sans luxure. Un personnage que l'on peut très bien re-proposer aujourd'hui, dans un monde si tourmenté et assoiffé d'idéaux.A l'opposé de Jane, le caractère complexe de Rochester, aristocrate quadragénaire, est faussement fort, comme est faussement fragile la jeune femme qui lui fait face et le séduit. Un homme renfermé, souffrant et tourmenté, bourru et orgueilleux, qui n'a pas su s'opposer avec une détermination suffisante aux contraintes, aux injustices, et qui trouvera sa propre force et sa propre délivrance dans la passion silencieuse de la jeune fille.

Le film sera caractérisé par une atmosphère sombre, des couleurs livides, crues, blancs, gris et noirs. Grands contrastes pour souligner la solitude qui accompagne la vie de Jane. La peinture de William Blake plutôt que les paysages dorés de Turner. L'orphelinat gris, en pierre foncée, oppressif, sans couleur, où les fillettes volettent comme des oiseaux opaques. Et puis la demeure de Rochester, si différente de la maison patricienne anglaise que nous avons l'habitude de connaître, somme de différents styles superposés. Une maison austère, rigoureuse, sévère, à l'architecture imposante et nue plongée dans une nature humide, verte et splendide.

En rédigeant le scénario, on a voulu respecter dans l'ensemble le déroulement du roman dans la première partie. Il a par contre été nécessaire d'alléger la seconde, un peu répétitive. Enfin, on a introduit un élément nouveau, purement inventé : le voyage de Jane à Madère. Ce voyage met non seulement en évidence le caractère du personnage principal, mais il devra aussi ressortir comme une trouée lumineuse dans le contexte du film. Nous nous trouverons à l'improviste dans une atmosphère dorée, pleine de lumière et de couleurs, en contraste évident avec l'ambiance sombre et oppressive de toute la première partie. Madère devra apparaître comme un songe, une terre promise, un lieu enchanté où tout est beau et chaud, où Jane Eyre se trouvera différente et pourtant égale à elle-même - riche, économiquement autonome, seule, mais respectée, estimée, désirée.

Et cette vie, ample, détendue, rassurante est justement trop étriquée pour la femme, une femme qui ne renonce pas à ses sentiments, mais plutôt à cette "terre promise" pour revenir à l'amour de Rochester. Le jeu des acteurs sera sec et rigoureux, le commentaire musical dépouillé, mais non exempt de sonorités romantiques.

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