REVUE DE PRESSE
ABUS DE FAIBLESSE : NOTE D'INTENTION DE CATHERINE BREILLAT
L’Abus de Faiblesse est une qualification pénale. J’en ai fait le titre du film, parce que je le trouve beau, mais aussi qu’il a un autre sens. L’abus de force.
ABUS DE FAIBLESSE : Un premier grand rôle de cinéma pour Kool Shen
Après quelques rôles de figuration, l'ancien membre du groupe NTM, Kool Shen, donnera la réplique à Isabelle Huppert dans le prochain film de Catherine Breillat, "Abus de faiblesse".
ISABELLE HUPPERT ET KOOL SHEN CHEZ BREILLAT
Isabelle Huppert et le rappeur Kool Shen seront les interprètes principaux d'"Abus de faiblesse", le prochain film de Catherine Breillat tiré de son livre autobiographique.
Catherine Breillat, la première fois, en avant-première
À travers une longue interview de Catherine Breillat, Luc Moullet tente de percer les mystères de la réalisatrice : "Catherine Breillat , la première fois" sera présenté en avant-première lors des Rencontres du moyen métrage. La déclaration d‘un fan à sa favorite...
ENTRETIEN : J'AI VISITÉ LA ROULOTTE DE KOOL SHEN
Un entrepôt de Laeken, l’un des quartiers de Bruxelles. À l’intérieur une roulotte, celle de Kool Shen. Si Kool Shen est à Laeken, et dans cette sorte de mobil-home, c’est qu’il tourne dans le prochain film de Catherine Breillat...
ISABELLE HUPPERT, L'ART D'ÊTRE ACTRICE
À la veille des César, la comédienne est à l'affiche de plusieurs films. Portrait d'une icône arty...
UNE FEMME SOUS INFLUENCE
Maud, cinéaste incarnée par Isabelle Huppert, est hémiplégique à la suite d'un hémorragie cérébrale. Elle craque sur Wilko, joué par Kool Shen, un voyou chic qui escroque des célébrités qu'elle veut faire jouer dans son prochain film. Ils se rencontrent, et il l'arnaque à son tour.
2013 CANNES FILM FESTIVAL PREDICTIONS : CATHERINE BREILLAT'S ABUSE OF WEAKNESS
Abuse of weakness will trace the autobiographical experience of Breillat with a notorious swindler. Isabelle Huppert stars as Maud, a film director recently paralyzed on one side, and she becomes entrenched in a destructive relationship with Vilko (rapper Kool Shen of NTM, in his screen debut), a man she wishes to cast in her next film.
ABUS DE FAIBLESSE de Catherine Breillat : La sélection du 51e festival du film de New York
Le communiqué de presse de The Film Society of Lincoln Center a annoncé la liste des 35 longs métrages sélectionnés pour la 51e édition du festival du film de New York qui se déroule du 27 septembre au 13 octobre.
(ABUSE OF WEAKNESS) New York Film Festival Announces Full 2013 Program
The Film Society of Lincoln Center has announced 35 films that will make up the main slate of the 51st New York Film Festival, including new work from the likes of Catherine Breillat...
ABUSE OF WEAKNESS : On set with Catherine Breillat
Even at age 64, Catherine Breillat remains one of French cinema’s true enfants terribles. Her latest project, “Abus de faiblesse,” is an autobiographical film about her complex relationship with French conman Christophe Rocancourt. Isabelle Huppert stars as Maude, Breillat’s fictional alter ego in the film, and Indiewire was invited onto the set in Brussels before Christmas.
ABUSE OF WEAKNESS : U.S. PREMIERE
Film runs Sun, Oct 6 through Wed, Oct 9. NYFF51 Official Selection
Festival du film de Toronto : Breillat
L’affaire Christophe Rocancourt-Catherine Breillat rejouée par la cinéaste, le nouveau thriller sexué des frères Larrieu, une folle histoire de passion entre un jeune homme et un vieillard… Le festival du film de Toronto s’ouvre cette nouvelle année sur un tempo sentimental un peu pervers et très cul.
Isabelle Huppert « intense » en Catherine Breillat face à Kool Shen en Christophe Rocancourt
Le premier extrait de l'adaptation d'Abus de faiblesse montre la rencontre entre la réalisatrice et l'arnaqueur, à qui elle aimerait offrir un rôle au cinéma.
VIDEO : La contribution de Catherine Breillat à Venise 70
VENEZIA 70 FUTURE RELOADED : Voir la vidéo de la contribution de Catherine Breillat à l'anniversaire du 70e Festival de Venise
TORONTO September 25 : A CONVERSATION WITH CATHERINE BREILLAT
I spoke with Breillat at the Toronto International Film Festival, where Abuse of Weakness had its world premiere. The film opens with a remarkable, high-angle shot of rumpled bedsheets before panning up to Maud Schoenberg (Isabelle Huppert), who wakes suddenly and grabs her arm.
NYFF : ABUSE OF WEAKNESS IS BRILLIANT, MADDENING, UNLIKEABLE
French filmmaker Catherine Breillat knows all kinds of ways to get under people's skin...
ABUSE OF WEAKNESS (2013)
Given my previous relationship with her work, to say that Abuse Of Weakness is Breillat’s best film would be something of a back-handed compliment. Truthfully it’s a maturation of theme and craft for its maker, a director finally settling into her own skin. Here is a woman healed, distinctive and brave. It’s the biggest and best surprise of the festival.
INTERVIEW de CATHERINE BREILLAT
Dans Abus de faiblesse, la cinéaste règle ses comptes avec elle-même à travers un récit de fiction qui n'est pas biographique, souligne-t-elle, mais reprend bel et bien ce qu'elle a vraiment vécu, après l'avoir raconté dans un livre en 2009.
ABUS DE FAIBLESSE : LA CRITIQUE DU FILM
Breillat cultive encore le malaise, cette fois-ci en évoquant à la sauce fictive ses drames personnels, AVC et... abus de faiblesse. Le résultat est surprenant, tant le ton est apaisé, à la lisière de la comédie.
INTERVIEW ISABELLE HUPPERT : L'AVENTURE INTÉRIEURE
Actrice radicale et perfectionniste, Isabelle Huppert vit ses rôles plus qu'elle ne les joue. Dans Abus de faiblesse, elle transcende le vécu de Catherine Breillat pour révéler, dans toute sa vérité, une relation d'emprise.
OBSESSION : ABUS DE FAIBLESSE
Le film n'en finit donc jamais d'impressionner sans rien lâcher ni de sa distance ni de son amertume. Faiblesse ? Quelle faiblesse ? Cinématographiquement parlant, c'est son meilleur film...
ABUS DE FAIBLESSE : LE TEMPS DU CINÉMA
Au commencement, il y a un drap, filmé plein cadre, comme un écran blanc tendu pour y projeter les images. Cette invitation au cinéma est accompagnée sur la bande-son du battement d'un coeur. Celui de Catherine Breillat, qui nous rappelle qu'elle est encore vivante et toujours cinéaste, prête à nous embarquer dans une nouvelle aventure filmique. Pourquoi une telle entame ? Flash back.
ABUS DE FAIBLESSE : LA CINÉASTE ET L'ESCROC, UN DUEL EXPLOSIF
D'un côté, une star du cinéma français doublée d'une professionnelle hors pair. De l'autre, un acteur débutant, venu d'une tout autre scène, et désiré pour cette raison même. La rencontre est explosive...
ABUS DE FAIBLESSE : BREILLAT SIGNE UN FILM BRILLANT ET PERVERS
C’est ce halo de mystère, remarquablement entretenu par la mise en scène, qui confère au film grandeur et étrangeté...
NECTAR OF ABUSE OF WEAKNESS
COOL met the wonderful Catherine Breillat to discuss “Abuse of Weakness” during the 51st New York Film Festival.
ABUSE OF WEAKNESS : FOUR STARS OUT OF FOUR
A powerful example of art being used to exorcise personal demons that is anchored by two stunning performances and some of the most gripping moments to be seen in any film so far this year.
"Kool Shen dans le prochain Catherine Breillat"
Le prochain film de la réalisatrice, Abus de faiblesse, est actuellement en projet et retracera tous les drames qu’elle a […]
ABUSE OF WEAKNESS
Huppert is superb at capturing the physical impairment and mental anguish as Maud struggles with speech therapy and rehabilitation.
Abuse of Weakness (Abus de faiblesse): Toronto Review
French auteur and provocateur Catherine Breillat casts Isabelle Huppert as herself in an autobiographical film that co-stars rapper Kool Shen.
ENTRETIEN : HUPPERT TOURNE ABUS DE FAIBLESSE À BRUXELLES
Isabelle Huppert serre dans ses bras Catherine Breillat. L’actrice et la cinéaste ont trouvé leur point d’équilibre. Elles tournent ensemble Abus de faiblesse, inspiré de la mésaventure dramatique vécue par Catherine Breillat, financièrement dépouillée par Christophe Rocancourt, l’arnaqueur de Hollywood.
Toronto Film Review: 'Abuse of Weakness'
Employing a real-life con man invites the wolf in the door, so to speak, in Catherine Breillat's uneasy-making autobiographical drama.
"Un premier grand rôle de cinéma pour Kool Shen"
En 2009, la romancière et cinéaste Catherine Breillat publiait «Abus de confiance», un livre autobiographique racontant comment elle s’était fait […]
ABUS DE FAIBLESSE : Kool Shen dans le prochain Catherine Breillat
La cinéaste Catherine Breillat a choisi le rappeur Kool Shen et Isabelle Huppert pour jouer dans l'adaptation de son autobiographie: Abus de Faiblesse.
Sex and Power: The Provocative Explorations of Catherine Breillat
The work of Catherine Breillat, the French filmmaker and novelist whose movies frequently explore the perversity animating male-female power dynamics in Western society, has always been fearlessly pertinent. These days, as more and more revelations about the sexual predations of high-profile men come to light, they may even be more pertinent.
ABUS DE FAIBLESSE : NOTE D'INTENTION DE CATHERINE BREILLAT
L’Abus de Faiblesse est une qualification pénale. J’en ai fait le titre du film, parce que je le trouve beau, mais aussi qu’il a un autre sens. L’abus de force.Oui Maud a une force de caractère. Paradoxalement, c’est sa faiblesse. Le fait d’être artiste c’est aussi dévoiler aux autres ses propres faiblesses. Je n’aurais pas voulu que Maud soit metteur en scène. Et que cela puisse apparaitre comme une autobiographie. Mais après tout, toute oeuvre est une autobiographie. Puisque le spectateur, lui-même (du moins dans les films intimistes : les miens le sont) se regarde en miroir.
Le regard du spectateur est autobiographique. Il se glisse à la place des héros de fiction. Cette place pour moi, c’est le silence ou l’enfance. Je veux faire ce film comme un retour à l’enfance.
Cet abus de faiblesse commence à l’hôpital. Ce drame, la soudaine hémiplégie qui fond en une nuit sur elle, la laisse entière d’âme : adulte. C’est après que le glissement se passe. Qu’on le comprenne bien : la rééducation, je ne veux pas que ce soit l’école du courage, mais l’enfance avouée. Mais c’est adolescente, qu’elle rentre chez elle. Parce que l’adolescence est un non-lieu où on n’est ni soi, ni ce qu’on va devenir. Je l’ai voulue metteur-en scène parce qu’il y a cette atmosphère de jeu constant et cette tyrannie. Implacable mais pas adulte.
Vilko : elle le voit, elle le veut. Il faut que son assistant le trouve. Il faut que Maud aille le chercher volontairement qu’elle ne le voit d’emblée que comme « son » acteur. Vilko n’est pas une personne mais une imaginaire possession. Je ne le veux, sauf à la fin, diabolique : Et encore est-il pris dans l’autodestruction du récidiviste.
Possession, il prendra d’elle mais, elle, de lui. Un sérial, c’est un être qui n’est personne et qui n’existe que dans la prédation. C’est une pulsion obligatoire, un vertige.
Ce film, je le veux comme un vertige, une chute à deux mais comme au ralenti. Parce que le vertige c’est la peur de la chute et si on a un peu d’orgueil, on préfère précipiter la chute que d’endurer la peur. C’est une histoire d’orgueilleux.
Maud et Vilko sont dans le fond très semblables. Je ne veux pas qu’il soit calculateur ni prédateur dès le début. Lui, c’est une enfance et une jeunesse dévastée. Elle, un corps détruit. Mais ce n’est pas non plus, une tragédie qui est arrivée à Maud.
Je ne veux pas que ce soit l’école du courage d’apprendre à remarcher. Je le sais moi qu’il n’y en a aucun. C’est comme ça : un jour on se couche comme vous et le lendemain, on se réveille comme Maud. Et ce n’est pas cela que je veux raconter. Mais un inéluctable retour à l’enfance.
Parce qu’immédiatement ce corps devient le travail des autres. C’est aussi un corps qui est porté, dont on s’occupe comme celui d’un bébé. Sa chambre dans son hôpital avec son lit à barreaux, c’est celui où son producteur l’étreint. Ce n’est pas triste. C’est un état des choses où la tendresse se voit : elle prend corps.
Il n’y a pas de compassion. Je ne veux pas que le spectateur en ait. Mais qu’il plonge presque dans la douceur de redevenir enfant avec ses rapports qui s’instaurent si naturellement. Parce que c’est cela qui se joue tout au long de cette histoire.
Justement cette enfance où tous les rapports avec Maud et les autres sont obligatoirement pervertis parce qu’il y a ce rapprochement des corps. Le corps infirme, c’est celui aussi dont Vilko s’occupera. Ce n’est pas normal, mais ce n’est pas non plus pervers. Lui, ne le sera finalement presque jamais. Ce qui compte c’est ce dérapage d’affection obligatoire du corps sain. Celui du corps qui se porte bien et qui porte le corps détruit.
Qu’importe la réalité puisque ce n’est qu’un jeu d’enfance. Ils sont deux perdus chacun dans l’orphelinat de la vie. Pour des raisons différentes… Incarcération dans l’âme… Incarcération dans son corps.
Bien sûr, il y a cette duplicité implacable et cynique de l’escroc. Le spectateur ne peut que le savoir dans une déduction matérielle. Pourtant, je désire qu’il soit toujours hanté par la crainte, non de la situation de désastre financier dans laquelle Maud s’enfonce, mais que cette bulle fragile de naïveté et malgré tout de poésie réciproque, n’éclate.
C’est un thriller du déni. « Vivons un rêve » comme le dit Sacha Guitry. Céder au vertige, c’est prendre le pas dessus, rompre par la chute délibérée dans l’abîme, la peur avilissante d’y tomber. Ce vertige nous habite tous. Maud et Vilko, plus que les autres, c’est tout. Et encore, qui plonge si sciemment dans l’âme du spectateur ? C’est toujours la nôtre qu’on lui montre comme la sienne.
Ce film que je veux faire, l’histoire en est écrite dans le scénario. Pourtant, il n’est que fallacieux de la comprendre ainsi. Parce que la lecture des scripts est linéaire : lieu, temps, jour ou nuit, dialogue. C’est toujours ce qui ne « se dit pas » et ce que je ne me dis pas que je filme. L’inter-dit. Dit au spectateur, pas à moi-même.
Non pas parce que le cinéma maintenant peut être en quatre dimensions mais parce que, sa plus importante dimension est pour moi l’indicible vertige de l’âme. Ces situations où tous les mots sont vrais et où quelque chose des corps crie le contraire.
J’ai toujours dit que le cinéma c’était l’idéogramme. Deux sens de l’histoire, séparés, chacun inscrit l’un dans l’autre pour en créer un troisième qui devient l’évidence. C’est pour cette évidence-là, l’incarnation de corps, si différents bien sûr de ceux auxquels vous avez immanquablement pensés. Moi et Monsieur Rocancourt. Ces deux-là n’ont plus d’importance.
Ce n’est qu’un fait divers pitoyablement vulgarisé. L’Abus de faiblesse, ce n’est pas ça. C’est bien plus incroyable… et « délicieux ».
Catherine Breillat
ABUS DE FAIBLESSE : Un premier grand rôle de cinéma pour Kool Shen
En 2009, la romancière et cinéaste Catherine Breillat publiait «Abus de confiance», un livre autobiographique racontant comment elle s'était fait soutirer près de 850'000 Euros par l'escroc Christophe Rocancourt. Elle va en signer elle-même l'adaptation cinématographique avec, dans les rôles principaux, Isabelle Huppert et Kool Shen, le rappeur ancien membre de NTM. Ce dernier interprètera un escroc flamboyant qui attire une metteur en scène hémiplégique qui veut l'engager dans son prochain film. A noter que Catherine Breillat avait été victime en 2005 d'un Accident Vasculaire Cérébral (AVC) qui l'a laissée paralysée du côté gauche.Kool Shen, qui n'avait fait que des apparitions anecdotiques dans quelques films, trouvera là son premier grand rôle principal, dans la foulée de son compère de NTM Joey Starr («Polisse»). La production d'«Abus de confiance» démarrera dans le courant de l'année 2012.
http://www.20min.ch/ro/sortir/cinema/story/Un-premier-grand-r-le-de-cinema-pour--Kool-Shen-18186198
ISABELLE HUPPERT ET KOOL SHEN CHEZ BREILLAT
En 2009, Catherine Breillat publiait Abus de faiblesse, un livre qui revenait sur sa rencontre avec l'escroc notoire Christophe Rocancourt et la façon dont celui-ci lui avait soutiré près de 850 000 euros sans aucune possibilité de la rembourser. Trois ans plus tard, son ouvrage devient un film au titre homonyme dont les rôles principaux seront tenus par Isabelle Huppert et le rappeur Kool Shen, ancien membre de NTM. Entièrement autobiographique, ce long métrage se penchera sur la relation autodestructrice entre Maud, metteur en scène devenue subitement hémiplégique, et Vilko, escroc flamboyant qui l’attire et qu’elle veut engager dans son prochain film. La production est conjointement assurée par Flach Film et Arte France Cinéma pour un tournage prévu durant le 2e semestre 2012.http://www.allocine.fr/article/fichearticle_gen_carticle=18610104.html
Catherine Breillat, la première fois, en avant-première
Catherine Breillat, la première fois, de Luc Moullet, sera présenté en avant-première lors des Rencontres du moyen métrage. La déclaration d‘un fan à sa favorite.Le film est tout chaud sorti de la salle de montage. Catherine Breillat elle-même, le sujet principal, ne l'a pas encore vu. Le documentaire de Luc Moullet, Catherine Breillat, la première fois, sera présenté en avant-première dans le cadre des Rencontres du moyen métrage (du 10 au 15 avril, au Rex).
Une manière pour Luc Moullet, documentariste et réalisateur de fiction de longue date, de rendre hommage à « son réalisateur favori », dont il suit passionnément le travail depuis 35 ans. « Les gens se font d'elle une image de réalisatrice sulfureuse. Ce film leur offrira peut-être une nouvelle approche. C'est une bonne mise en relation, j'espère… »
Ce qui lui plaît tant et depuis si longtemps chez la réalisatrice de Tapage nocturne ou 36 fillettes ? Son « cinéma à la première personne, qui parle d'amour sans dissimulation ».
Un cinéma innovant
Un cinéma « très direct, en avance sur son temps, mais qui recoupe de grands classiques comme L'Empire des sens, sur le thème du "ni avec toi, ni sans toi" ».
« Dans Tapage nocturne par exemple, poursuit Luc Moullet, on assiste à l'intrusion de bulles, comme en bande dessinée. C'est le personnage qui pense et c'était une innovation technique à l'époque ».
Les nouvelles formes que la réalisatrice donne à son travail (sur le conte de fées et leurs sens cachés), Luc Moullet ne les aborde pas dans son documentaire. 50 minutes, « ce n'est pas une course contre la montre. Je me suis concentré sur quatre films, sans vouloir être boulimique, autour du thème de la première fois ». « J'avais plus de matière, c'est un peu frustrant. Mais le but, c'est de donner envie aux gens de voir ses films en entier ; tout dire serait prétentieux ».
D'autant qu'à ses yeux, Catherine Breillat ne se laisse résolument pas enfermer. « Elle a une approche proche de celle de Renoir. Elle pense que le tournage, l'improvisation peuvent apporter beaucoup au scénario. J'ai voulu partager l'émotion que je ressens en voyant ses films ».
« L'émotion que je ressens en voyant ses films »
Pour Luc Moullet, Catherine Breillat, la première fois est une… première fois. Le premier épisode qu'il signe dans la série cinquantenaire Les cinéastes de notre temps. Une commande de 50 minutes, comme son « film culte », Ma première brasse. « C'est une durée comme une autre, il n'y a pas de spécificité. Je réagis à la demande, de 13 à 75 minutes. J'ai plus de mal à coïncider avec un temps plus court ».
Luc Moullet a failli être jury à Brive l'an dernier. Cette année, il a « saisi l'occasion » de présenter son film. « Comme elle parle pendant 30 mn et qu'il y a 25 mn d'extraits de ses films, on ne pourra pas dire que j'ai déformé sa vision ».
Quant au premier contact avec les spectateurs, « c'est toujours intéressant. On peut avoir des surprises ».
Pratique. Séance spéciale Catherine Breillat, la première fois, mercredi 11 avril à 13 heures au Rex, et samedi 14 avril à 17 heures au Rex (en présence du réalisateur Luc Moullet et de Catherine Breillat).
Blandine Hutin
http://www.lamontagne.fr/limousin/actualite/departement/correze/brive/2012/04/07/catherine-breillat-la-premiere-fois-en-avant-premiere-mercredi-et-samedi-1138023.html
ENTRETIEN : J'AI VISITÉ LA ROULOTTE DE KOOL SHEN
Un entrepôt de Laeken, l’un des quartiers de Bruxelles. À l’intérieur une roulotte, celle de Kool Shen. Confortable, la roulotte : un chauffage d’appoint, un lavabo avec tout ce qu’il faut pour se faire un thé vert, un coin privatif et dans le fond, un canapé coolos. Vous vous demandez ce que fiche Kool Shen dans une roulotte, et encore plus en Belgique. Non, il ne s’est pas exilé fiscalement après une paupérisation relative qui aurait suivi la mise en sommeil de NTM.Si Kool Shen est à Laeken, et dans cette sorte de mobil-home, c’est qu’il tourne dans le prochain film de Catherine Breillat, qu’il est l’un des premiers rôles, et qu’il dispose de ce qu’on appelle, dans le cinoche, “une loge”. Kool Shen acteur donc, et dans le rôle de Vilko Piran, personnage librement inspiré de Christophe Rocancourt pour un long métrage, Abus de faiblesse, tout autant inspiré de l’histoire de Catherine Breillat – dont le rôle est tenu, dans le film, par Isabelle Huppert.
“Je ne pensais jamais me retrouver au cinéma, à part une apparition dans La Beuze, tu vois, j’avais pas grand-chose sous le coude. Quand Catherine Breillat m’a proposé le rôle, j’ai hésité puis je me suis lancé.”
Comme son compère Joey Starr, Kool Shen découvre les plateaux de tournages. “Les gens sont gentils avec moi. C’est vraiment différent des tournées où c’était plus dur : non, c’est vrai qu’on était NTM aussi, on cherchait les crosses.” Breillat ? “Je n’ai vu aucun de ses films, je ne suis pas très cinéphile. Mais j’aime le personnage, son vécu, on passe beaucoup de temps à discuter. Je crois que ça la fait rigoler que je sois professionnel au poker (Kool Shen est désormais l’un des meilleurs joueurs français – ndlr). Pour la charrier, je lui dis qu’à cause de son tournage, j’ai raté les Championnats du monde à Cannes.”
Huppert ? “Je prends des leçons. Pour moi, c’est vraiment un autre métier, je repars de zéro, et c’est une chance de pouvoir commencer face à Isabelle Huppert.”
Quelques heures auparavant, on nous a autorisé à assister à une scène entre Huppert et Kool Shen. Une scène assez bouleversante. Kool Shen, à l’aise et en hoodie donne le change à l’actrice, au sommet de son art. Dans sa roulotte, l’ex-futur NTM-le-retour évoque ce moment. “Il faut voir ce qu’elle donne sur certaines scènes. Elle arrive à une sorte de lâcher prise complètement dingue. Là, sur cette scène, elle m’a sidéré. Je ne sais pas si je peux arriver à ce genre de chose. Je pense que ça n’est pas donné à tout le monde.”
Que savent ses deux collègues de travail sur le passé de rappeur de Kool Shen ? “Franchement, Isabelle pas grand-chose. Même rien, j’en suis presque sûr. Catherine, elle, a dû écouter des trucs pour le film.” D’autres films en perspective ? “J’ai envie, j’y prends goût. J’ai un projet qui pourrait arriver, un road-movie.” Un pied dans la grande famille du cinéma, quoi ?
“Non, je ne pense pas, dans le hip-hop, j’étais déjà loin des familles. Les César tout ça, c’est pas mon truc”, conclut Kool Shen, qui n’a pas encore fini son premier film.
ISABELLE HUPPERT, L'ART D'ÊTRE ACTRICE
L’exigence, toujoursLe millésime Huppert 2013 est chargé. D’ici au second semestre, elle sera aussi à l’affiche du film de Catherine Breillat, d’après son roman éponyme Abus de faiblesse. Cette autobiographie traite de l’escroquerie de Christophe Rocancourt, dont la réalisatrice fut victime. Cet homme qui est devenu proche lui soutira plusieurs centaines de milliers d’euros, alors que la réalisatrice venait d’être sévèrement touchée par un accident vasculaire cérébral. « C’est une histoire vécue à la suite d’un accident de la vie, explique Isabelle Huppert. L’héroïne est affaiblie physiquement et moralement. Elle devient une proie facile. Mais elle est gaie et forte, et jamais dans la plainte. » L’escroc est joué par Kool Shen, le rappeur cofondateur avec JoeyStarr du groupe Suprême NTM. « Kool Shen est magnétique, doux et inquiétant. Il est rapide et réactif. Il perçoit l’autre, il sait que jouer, c’est jouer avec. »
Enfantine et dure à la fois
À propos de son actrice, Catherine Breillat dit : « Quand on la connaît, elle est très enfantine. Isabelle Huppert est aussi très exigeante, vigilante et impitoyable envers elle-même. L’amitié n’entre pas en ligne de compte dans ses choix, c’est une attraction artistique. C’est la seule actrice capable de passer d’une sorte d’adolescence chahuteuse à l’essence même de la dureté. Elle entre comme elle sort de ses personnages, et c’est immédiat. »
Insatiable, on la retrouvera également cette année avec François Damiens et Sandrine Kiberlain chez Serge Bozon, dans Tip Top. Une comédie policière centrée sur deux femmes de l’IGPN, la Police des polices, enquêtant sur la mort d’un indic algérien, près de Lille.
« Isabelle est la seule à pouvoir répondre à la question : “Quelles sont les choses heureuses qui vous donnent envie de tout casser ?” explique Serge Bozon. Par sa vocation privilégiée à jouer, elle se met en état de tout casser ou d’être toute cassée. C’est un élan joyeux et violent qui n’appartient qu’à elle. »
Ce qui n’appartient qu’à elle, Isabelle Huppert refuse de le partager. Au premier rang figure sa famille, qu’elle protège avec une animalité de louve. L’amener sur ce terrain la raidit. On sait qu’elle a trois enfants (Lolita, comédienne, Lorenzo et Angelo). On lui pose alors la question de la transmission.
« Elle n’est pas à sens unique, mais bien plus souvent réciproque. La seule chose vraiment intéressante à transmettre, c’est l’amour à ceux qu’on aime, avant toute chose et sans condition. » À la question suivante, plus intime, elle répondra très doucement : « Incongrue. » Isabelle Huppert a la culture du mot juste et souvent le dernier mot. Et là, ce n’est plus de la fiction.
UNE FEMME SOUS INFLUENCE
Maud, cinéaste incarnée par Isabelle Huppert, est hémiplégique à la suite d'un hémorragie cérébrale. Elle craque sur Wilko, joué par Kool Shen, un voyou chic qui escroque des célébrités qu'elle veut faire jouer dans son prochain film. Ils se rencontrent, et il l'arnaque à son tour.Telle est l'histoire d'Abus de faiblesse, le treizième long métrage de Catherine Breillat, qui s'articule particulièrement autour de l'imposture dont Maud est victime. Un scénario qui fait écho à l'expérience personnelle de Catherine Breillat.
Tourné à Biarritz et à Bruxelles à l'automne dernier, le film est actuellement en postproduction et devrait être terminé pour le mois de mai.
Abus de faiblesse, dont le budget s'élève à 3,9 M€, est produit par Jean-François Lepetit (Flach Film) avec Iris Films (la société de Nicolas Steil) en coproduction. Arte France Cinéma, Canal+, les Sofica Hoche Image et Palatine Étoile 10 font également partie du tour de table de cette production vendue à l'international par Rezo qui la distribuera en France le 22 août.
2013 CANNES FILM FESTIVAL PREDICTIONS : CATHERINE BREILLAT'S ABUSE OF WEAKNESS
Prediction: Certainly this is one film that contains a heady mix of intriguing elements. The much publicized swindling of Breillat resulted in the fallout of the film she had been putting together. The project would have been a follow-up to her 2007 film The Last Mistress, which played in the Main Competition at Cannes. Since then, she has focused on adapting several fairy tales for the big screen.But this latest project, which unites the infamous provocateur with Huppert and Kool Shen, has to be one of her most anticipated projects in quite some time. While this went into production last October, a Venice premiere seems more likely (her 2010 film The Sleeping Beauty was part of their Horizons section) but should it be selected for Cannes (and let’s not forget the ever increasing pressure to have more female directors included in the Main Comp) we are positive this would be competing for the Palme D’or.
ABUS DE FAIBLESSE de Catherine Breillat : La sélection du 51e festival du film de New York
CineChronicle relaye peu les festivals à l’étranger tant ils sont nombreux mais nous avons reçu directement le communiqué de l’événement. La sélection est non seulement intéressante mais aussi marque la présence riche de huit réalisateurs français : Arnaud Desplechin, Claire Denis, Philippe Garrel, Alain Guiraudie, Catherine Breillat, Abdellatif Kechiche, Claude Lanzmann et Agnès b., laquelle présente son premier long métrage. Par ailleurs, nombre d’entre eux ont été sélectionnés voire récompensés dans différents festivals et en particulier à Cannes.A côté des réalisateurs confirmés tels Catherine Breillat, Arnaud Desplechin, Claire Denis, Philippe Garrel, Agnieszka Holland, Jim Jarmusch, Alexander Payne, Joel et Ethan Coen, Hong Sang-soo, Frederick Wiseman, Jia Zhangke ou encore Hayao Miyazak, chacun plusieurs fois sélectionnés au NYFF, on trouve de jeunes réalisateurs et une majorité des genres a été retenue.
(ABUSE OF WEAKNESS) New York Film Festival Announces Full 2013 Program
The Film Society of Lincoln Center has announced 35 films that will make up the main slate of the 51st New York Film Festival, including new work from the likes of Catherine Breillat, J.C. Chandor, Joel & Ethan Coen, Richard Curtis, Claire Denis, Arnaud Desplechin, Ralph Fiennes, James Franco, James Gray, Jim Jarmusch, Claude Lanzmann, Alexander Payne, Hong Sang-soo, Frederick Wiseman and Jia Zhangke. The festival runs September 27 to October 13.“Cinema is a vast terrain with a complex ecology, encompassing a mindbending array of species and habitats – there are multiple approaches to the question ‘What is a movie,’ from the industrial to the hand-made, from the carefully written to the poetically assembled," NYFF’s Director of Programming and Selection Committee Chair, Kent Jones said. "I love the level of diversity in the main slate selections, which includes documentaries, biographies, comedies, adventures, epics, chamber pieces, elegies, explorations and affirmations. I hope you enjoy it as much as we did.”
Alongside the previously announced world premieres of Spike Jonze's "Her," Paul Greengrass' "Captain Phillips" and Ben Stiller's "The Secret Life of Walter Mitty," the festival will be screening a slate of some of the best films from this year's Cannes, Berlin and Venice festivals, including J.C. Chandor's "All Is Lost," Joel & Ethan Coen's "Inside Llewyn Davis," James Gray's "The Immigrant," Sebastián Lelio's "Gloria," Jim Jarmusch's "Only Lovers Left Alive," Alexander Payne's "Nebraska" and Palme d'Or winner Abdellatif Kechiche's "Blue Is The Warmest Color."
“The Film Society's commitment to presenting the significant films of the year each fall at the New York Film Festival continues with our latest edition," Rose Kuo, the Executive Director of the Film Society of Lincoln Center, said. "This year we welcome a record number of over a dozen returning veterans along with a number of new voices. It has been an interesting year for cinema with spirited discussions already underway about some of the films in our curated main slate selections. I'm sure that New York audiences will be excited, maybe sometimes even provoked, but hopefully also inspired by this year's new work.”
http://www.indiewire.com/article/new-york-film-festival-announces-full-2013-program
ABUSE OF WEAKNESS : On set with Catherine Breillat
"I never really invent anything"Breillat’s last two works, “Bluebeard” and “Sleeping Beauty,” were jocular takes on well-know fairy tales by Charles Perrault. But “Abus de faiblesse,” her new project, is based on an autobiographical novel of the same name (which literally translates as “Abuse of Weakness”) and hits much closer to home.
Though when looking for the villa where a large part of the upcoming film was shot, in a sleepy if leafy suburb south of Brussels, it doesn’t immediately feel like stepping into Breillat’s world: She’s French, after all, not Belgian.
“Well, all my films have been pretty autobiographical,” explains Breillat when I finally catch her on set, sitting next to her monitor. Since she suffered a stroke in 2004, her ability to move around has been severely limited. She’s able to walk only very short distances while leaning on an assistant, whose only job is to look after Breillat’s physical needs. But the man’s almost invisible and Breillat is someone who speaks a lot, and fast: “I never really invent anything in my films, especially the dialogues,” she continues. “I’ve taken all these words from somewhere, though I do mix things up a lot. I’m like a computer, I save all this information that surrounds me and at a certain point, I spit it out again.”
What the doyenne of female-centric French cinema has spat out this time is an ambitious project, based on a recent incident that happened in her own life, in which Huppert stars as the film director Maude, a thinly veiled version of Breillat. Opposite the hard-working veteran actress, Breillat has cast French rapper Kool Shen, for whom it’s his first onscreen appearance. He plays real-life con man Christophe Rocancourt, called Vilko in the film, who swindles Maude out of her life’s savings.
(In real life, Rocancourt smooth talked Breillat into giving him all her money while she was preparing an English-language film that would have cast Rocancourt opposite Naomi Campbell. Needless to say, the project never came to fruition.)
Kool Shen (real name: Bruno Lopes) became famous in the French-speaking world as part of a rap group called “Suprême NTM,” in which the abbreviation NTM stands for, well, “Fuck Your Mother.” Perhaps not coincidentally, Shen’s NTM colleague JoeyStarr has recently also ventured into acting, with his heart-breaking appearance in 2012 Cannes contender “Polisse” JoeyStarr’s highest-profile role to date.
Though on the surface, “Abus de faiblesse” it might look like a pretty straightforward story of a swindler and his victim, what happened in real life and in the upcoming film is almost the opposite of what’d you expect (except, if you’re familiar with Breillat’s work, perhaps).
“Abus de faiblesse” isn’t a simple crime story at all but an exploration of how a punishable offence installed itself almost naturally in the relationship between an able-bodied and smooth-talking swindler and an intellectual whose body was severely weakened by a stroke and required looking after pretty much constantly.
“When this happened to me in real life, I didn’t really know what was happening but I did know that it felt like something that could’ve happened in a movie. It felt like a very cinematic moment,” says Breillat, reflecting on the true events that inspired the film. “You don’t really know it’s happening to you but, as a cineaste, I knew I was a movie scene and I was right in the middle of it, writing what was happening as it was happening. That might suggest I understood what was happening but even though I was the author I was in denial. It was and it wasn’t me at the same time, you know? But I knew these scenes were extraordinarily cinematic.”
The scene shot on the day of my visit took place in Maude’s improvised bedroom, after she’s had to sell her own loft. For authenticity, Breillat, who’s extremely involved in the art direction of her films, simply had a container of her own things shipped to Belgium to decorate the set.
“The true story angle and the attention to detail are so impressive, does it sometimes feel like you’re almost making a documentary?” I ask star Isabelle Huppert a little later, in her dressing room between two scenes. She sits cross-legged on an antique wooden bed with only a flimsy dressing gown on, nibbling on some grapes.
She tosses her flaming red hair back before answering: “Even though the story is autobiographical, it’s still fiction. The idea behind cinema is to take something from reality and transform it. So this film and this character I play is just as imaginary as any other I’ve done. I’ve got no idea what the final result will be. It’s true that the distance between the person I play and the person who’s directing me is smaller than I’ve ever experienced but that doesn’t mean there’s no distance. It’s true that’s it is an unusual situation; I’ve played real-life characters before but they lived in other times and wore different clothes but here, she’s right there, next to the monitor.”
“Maybe Catherine feels a little more pressure than usual but I don’t,” she continues. “My character’s called Maude, not Catherine, so that’s something that already creates some distance but Catherine does have a tendency to insist on certain details because she knows that things really happened in this or that particular way.”
On the use of Catherine’s own possessions as props: “It helps anchors the story in a defined reality. The story is really about a healthy body that’s abusing a weaker, damaged body. This is the most important and visible aspect from the beginning. Maude even has a facial distortion at the start but Catherine and I decided that it would be best just to show that for a short while, otherwise it overwhelms the real story. It’s like a brushstroke or a quick, almost poetic corporal suggestion. But all this work on the body hasn’t been too intellectualized, it’s something that I’ve absorbed by just being close to her and by simply observing her.”
In terms of production, “Abus de faiblesse” is a medium-sized European coproduction involving partners from Belgium and France. “It’s a pretty normal-sized production,” says Huppert, who’s no stranger to European co-productions. “We’ve got an eight-week shoot, so it’s not like we’re rushing to get everything done in three weeks.”
Still it doesn’t compare to her experience in the U.S.: “When you’re working on an American film, there’s always something inflationary about the scale of the production, even if we’re talking about American indies. I have a small role opposite Jessica Chastain in “The Disappearance of Eleanor Rigby,” and that was still a pretty big machine. Especially when you compare it to something like “In Another Country,” from Hong Sang-Soo, which was a tiny, microscopic production shot in just a few days and with a tiny crew. There you realize you don’t necessarily need all that many people to make a movie.”
The conversation between Maude and Kool Shen’s character, called Vilko in the film, gets pretty heated on set, though the scene filmed today also suggests that Breillat’s hunch about the rapper’s acting talent was probably a good one, as he seems to become a different character as soon as Breillat says (not shouts) “action!”
“It was weird seeing this scene today because it was exactly as it happened, even if Kool-Shen isn’t exactly the same, physically, as Rocancourt, who was more of a gigolo type and Kool-Shen, who’s a rapper, is less elegant, more square. But even so, it is as it was,” says the director.
Huppert concurs: It’s his first film but Bruno’s great. There’s really nothing to say. He knows what to do. He’s a singer, or a rapper to be precise, so he’s got no trouble with the rhythm of the dialogues. Whether I work with newcomers or very experienced actors, it doesn’t really matter as long as they’re good, which the actors are on this film.”
When pressed to describe the complex relationship between Maude and Vilko, Huppert says that “everything that transpires between the characters is very gentle, which is why Maude doesn’t really realize she’s being conned. He might be a bit vulgar with her, a bit harsh but generally he’s charming, he looks after her, he helps her walk. You hardly notice he’s manipulating her. He’s not a perverse or coarse person. And he doesn’t force her to do anything she doesn’t want to do, really. He just knows how to talk and she follows him. There’s never anger or tension between them.”
Before the actress goes back in front of the cameras, I ask her if she thinks Breillat tries to give audiences the direct, as-it-happened version of the story or whether she’s painted a picture of events with the benefit of hindsight and whether she has a handle on the emotions of the director as she’s forced to confront her own painful history on a daily basis. “I don’t talk with Catherine about what she’s going through and thinking or feeling emotionally while we’re shooting her story,” Huppert says resolutely after pausing for a second to think things over and stare at me with a frown that suggests this is a question she hadn’t previously given much thought. “I don’t really need that kind of information for the moment, so I don’t really realize what she’s going through, no. I think she’s very happy to be making this film, I think I can see that. But she has little compassion for herself; what she’s given my character as well is a sense of humor about herself, Maude’s someone who can laugh about herself. We’re perhaps not sure what those smiles and that laughter are hiding but at least she’s smiling.”
As my set visit comes to an end, Breillat feels the need to add something she thinks is important but we haven’t really touched upon, though her star actress has, very perceptively, suggested as much: “Perversely, what’s interesting is that an abuse of weakness is, in a way, absolutely delightful while you are experiencing it. It’s just that the final result is a real nightmare."
ABUSE OF WEAKNESS : U.S. PREMIERE
In 2004, at the age of 56, Catherine Breillat suffered a serious stroke. Her left side was initially paralyzed and after five months in the hospital she worked like a demon to walk again. Not long after, she prepared an adaptation of her novel Bad Love and decided to cast the notorious "swindler of the stars", Christophe Rocancourt, fresh from a jail term for fraud. Over the next several months, Rocancourt took advantage of Breillat’s condition and stood by her side as she wrote him checks amounting to €650,000. She later took him to court won her case, and chronicled the experience in a book that she has now adapted into a uniquely haunting film, with a bold, tough performance by Isabelle Huppert as the Breillat figure and French/Portuguese rapper Kool Shen as the con man.Series: NYFF51 Main Slate: Official Selection
Venue: Howard Gilman Theater, Alice Tully Hall
Showtimes
Film runs Sun, Oct 6 through Wed, Oct 9.
Abuse of Weakness
Abus de Faiblesse | Catherine Breillat, 2013
France | French with English subtitles | 105 minutes
Festival du film de Toronto : Breillat
La soirée du 7 septembre avait une saveur particulière pour Catherine Breillat. D’abord parce qu’elle se souvenait d’avoir présenté ici-même il y a 25 ans l’un de ses premiers films, 36 Fillette, devant un public conquis – “J’étais maudite à l’époque en France, et c’est Toronto qui m’a sauvée, c’est grâce à ce festival que j’ai pu continuer à faire du cinéma”, a-t-elle déclaré, visiblement émue. Ensuite parce que se tenait l’avant-première mondiale de son dernier film, Abus de Faiblesse, dont on peut dire qu’il marque le vrai retour aux affaires de la cinéaste, après quelques films plus hésitants, certains peu vus (Barbe Bleue) ou diffusés à la télévision (La Belle endormie).L’histoire de ce retour, tout le monde ou presque la connaît : c’est l’aventure que Catherine Breillat partagea avec le fameux Christophe Rocancourt, cette liaison dangereuse dont elle a déjà consigné les souvenirs dans un livre autobiographique publié en 2009. Victime d’un AVC qui l’avait laissée partiellement handicapée, Catherine Breillat s’était fait séduire et arnaquer par l’escroc notoire au terme d’une relation dont elle était sortie ruinée, seule et meurtrie. Une période de sa vie qu’elle a choisie de raconter dans le détail, presque cliniquement, sans rien dissimuler de son déclin physique et psychologique, en un geste autofictif dont la radicalité peut d’abord dérouter. Avec Isabelle Huppert et la révélation Kool Shen dans les rôles de l’artiste et de l’escroc, le film décrit chacune des étapes de leur liaison toxique, ces rituels concrets (coups de téléphone nocturnes, signatures de chèques à répétition) et ces mécanismes sentimentaux qui ont installé la cinéaste dans un état de dépendance tour à tour provoqué et subi.
Pourquoi est-elle restée, qu’est-ce qui a poussé cette femme dans les bras de Rocancourt, Abus de faiblesse élude toutes ces questions propres au fait-divers pour occuper un seul champ mental : ce qui intéresse Breillat, son grand sujet depuis toujours, c’est le mystère du désir, ces forces irrationnelles et parfois aliénantes qu’elle saisit ici avec un réalisme et une cruauté rarement égalés. Sans rien chercher à élucider, sans aucune vérité à asséner sur l’affaire, Breillat poursuit ainsi son exploration troublée du couple et des rapports de force qui l’animent dans un huis clos anxiogène, ouvert à toutes les interprétations. “C’était moi et pas moi” conclut son personnage au terme d’une romance schizo dont la plus grande subversion est peut-être de préserver son secret.
http://www.lesinrocks.com/2013/09/08/cinema/festival-du-film-toronto-breillat-les-freres-larrieu-vieillard-11423869/
Isabelle Huppert « intense » en Catherine Breillat face à Kool Shen en Christophe Rocancourt
Les noms des protagonistes ont été changés mais Abus de faiblesse raconte bel et bien la mésaventure vécue par Catherine Breillat. A la fin des années 2000, alors qu'elle est affaiblie suite à un accident cérébral, la réalisatrice rencontre Christophe Rocancourt, un célèbre arnaqueur à qui elle veut offrir le rôle principal de Bad Love, face à Naomi Campbell. Quelques mois plus tard, elle portera plainte contre lui pour escroquerie, l'accusant d'avoir profité de son handicap pour lui avoir soutiré de grosses sommes d'argent (plus de 850 000 euros au total).Elle a publié en 2009 un livre sur cette affaire, intitulé Abus de faiblesse, et le film qu'elle vient de mettre en scène et de présenter au festival de Toronto reprend ce même titre. Isabelle Huppert y joue Maud, une cinéaste inspirée par Catherine en personne. Breillat a fait appel au rappeur Kool Shen pour interpréter Vilko, un ancien détenu qui est tombé pour avoir volé des millions de dollars, exactement comme Christophe Rocancourt.
Le premier extrait du film vient d'être dévoilé, directement sous-titré en anglais, et il montre la rencontre entre ces deux personnes. Un malaise s'installe immédiatement. Maud veut poser quelques questions à Vilko avant de l'engager mais très vite, c'est lui qui mène la danse, lui imposant de ne pas passer d'essais pour le film et lui posant des questions très personnelles. Au sein de ce premier extrait, on perçoit d'emblée que les rapport de domination entre ces deux êtres sont malsains. En attendant une véritable bande-annonce, on comprend le choix de Breillat de dévoiler un tel dialogue avant tout autre élément de promotion.
Les premières critiques soulignent les performances grandioses d'Isabelle Huppert et Kool Shen. « La complexité de la relation entre ces deux personnages est fascinante », juge The Playlist. « La performance d'Isabelle Huppert est intense et elle suggère que Maud est aussi coupable que l'homme qui va l'arnaquer », ajoute The Hollywood Reporter. « On retient surtout la force de l'héroïne, pas sa faiblesse », conclut Variety.
VIDEO : La contribution de Catherine Breillat à Venise 70
À l'occasion de la 70e édition de la Mostra de Venise, la Biennale di Venezia créait le projet spécial Venezia 70 – avenir Reloaded : 70 réalisateurs du monde entier étaient invités à faire un court métrage d'une durée de 60 à 90 secondes, et présentés le 28 août 2013 lors d'une projection publique au Lido.Cliquez sur lien ci-contre pour voir la vidéo :
http://www.youtube.com/watch?v=hPUh89AR7-k
TORONTO September 25 : A CONVERSATION WITH CATHERINE BREILLAT
Material Desires: A Conversation with Catherine BreillatIn late-2004, Catherine Breillat suffered a debilitating stroke that paralyzed the left side of her body and precipitated a five-month hospital stay. After learning to walk again, she soon returned to work, finalizing pre-production on The Last Mistress (2007). Her next project was to have been an adaption of her novel, Bad Love, starring Naomi Campbell and Christophe Rocancourt, a notorious criminal who, by the time Breillat met him, had already served five years in an American prison for defrauding his victims out of millions of dollars.
In a 2008 interview, Breillat said of Rocancourt: "He is so intelligent, so sincere, so arrogant. You have to be arrogant to achieve anything in this life. When I first saw him, I knew he would be perfect for my film." Breillat was, in fact, under the spell of Rocancourt at the time of that interview. Borrowing small sums at first, he would eventually swindle her out of nearly 700,000 euros, a harrowing ordeal that Breillat first described at length in her book, Abus de faiblesse, and now explores again in a film of the same name.
DARREN HUGHES: It’s been nearly a decade since your stroke, and you’ve already written a book about your troubles with Rocancourt. In other words, you’ve had a great deal of time to think about how to depict these experiences on screen. Did you always know you would open the film with the stroke? And did you consider other ways to visualize it?
CATHERINE BREILLAT: When I first wrote the script I imagined something more complicated with curtains—muslin curtains in the wind, with the titles over them. Later, suddenly, I thought of the sheet. I bought a very, very good quality sheet because you cannot find that kind of texture in simple cotton. It was strange. When we shot the scene I became worried and said to Isabelle, “Oh, no! The sheets are not laying right!” They had to have some relief, like a sort of mountain, covered in snow. And, in fact, viewers often don’t know what they are looking at.
HUGHES: It’s disorienting, for sure, and then when we see the stroke, terrifying. By opening the film with the stroke, we never know the Maud “before,” which makes her motivations and relationships a bit of a mystery. So much of the film is about trying to understand why she is susceptible to Vilko’s con. [Vilko Piran, the film’s Rocancourt, is played by French rapper Kool Shen.]
BREILLAT: Because he is her actor! In Sex is Comedy (2002) you see this relationship—how actors become the material of the film. Also, in my case, I was closed up in my house. Isolated. I could not go outside. And he was the person who came, who was always there, who took me by the arm and helped me go outside.
When I was preparing the movie and found the location [Maud’s home], I fell apart. Wept. Because, in fact, I was very happy in the hospital. I accepted it. I’m very stoic! I was in bed, paralyzed. I made no distinction between me before and me like that. It’s me. I didn’t want to live some other life in my mind, so I accepted it.
In the hospital, I had things to learn. Rehabilitation is mental rather than physical. It requires great mental concentration because you’re working those neurons that are not dead. It all felt familiar to me from directing films, which also requires great concentration.
But, at the same time, I also developed a kind of relationship I’d never experienced before: the therapist who helped me to walk was like a god to me. And with Vilko, in fact, it was the same. It began here, the story, because the therapist not only helped me take a first step, physically. It was like a psychological transfer. And the same with Vilko.
HUGHES: I love the scene when Vilko first enters Maud’s home. She’s seated on a couch, watching him like she’s his private audience. There’s a slight smile on her face and she looks delighted by it all. Kool Shen is such an irresistible screen presence. He walks in, surveys the room, leaps effortlessly onto a bookshelf...
BREILLAT: [smiles] Yes, yes.
HUGHES: It’s an incredibly seductive performance, which I assume is why you were drawn to him?
BREILLAT: That’s also why I chose a rapper for this character. He’s not just seductive. It’s a violent seduction. Tres physique! In my own story, Rocancourt had the same sort of movement and manner. Not beauty but something else. It’s like he’s already taking the power.
She’s a filmmaker, and she’s looking at him as the material for a future movie, so she is in the dominant position. She’s sitting there, looking at him, not asking him if he wants something to drink. He’s not a person, just a character in her movie. But he takes the power. He has an animal presence.
HUGHES: A friend who hasn’t seen Abuse of Weakness yet asked me what I thought of it, and I told him that the narrative is relatively simple. There’s an inevitability to Maud’s crisis, especially for viewers who already know about your personal experience. But I also told him that getting to watch Kool Shen and Isabelle Huppert in the same room together—that is what makes it a Breillat film!
BREILLAT: [smiles] Yes.
HUGHES: I interviewed Claire Denis a few years ago, soon after she’d finished working with Huppert for the first time.
BREILLAT: White Material?
HUGHES: Exactly. I think of Huppert as being an auteur herself, so I asked Denis what it’s like to work with a lead actress who can command a film. She quickly dismissed the notion that Huppert is commanding. “That would be too easy. She creates a need for her, when she’s an addiction.... It’s much more seducing the way she does it.”
BREILLAT: [laughs] For me it was the contrary. I’m like Vilko. I take the power! With Isabelle, the first four days were a fight, a war. I didn’t want her to be in control, and Isabelle is always in control. She wanted to see replays of her performance, so she walked over to the camera and the assistant obeyed her—showed her the monitor. I saw that happen and shouted, “That is mine! [Breillat pounds her fist on the table.] That is my image, not hers!” She’s the actress. She has a job to do. But me, I am the film. It was a big fight. [smiles]
“This belongs to me,” I said. “It will be different from your other movies.” After three or four days, she began to see the layers in the film. It’s not just sadness. Not just anguish. There are light sides and comedic scenes. Even Isabelle didn’t understand that would happen in the movie. After that we became very close, we laughed together, we are now like twins.
HUGHES: You said Huppert was surprised to discover the comedy. Is that part of what interested you in telling this story?
BREILLAT: Always. In all of my films there is comedy. The journalists and critics who don’t like me think I have no sense of humor. [Laughs] But I always balance my films with light scenes, funny scenes. Always.
Also, I have to say, for Isabelle’s sake, the character is called Maud. It’s not me. It’s Maud, so Isabelle can play the part, the personage. Yes, she is my twin in some way, but on the set she is Isabelle Huppert, acting and finding a character. It’s not a biopic. It’s a fiction. Fiction is what appeals to me.
HUGHES: You’ve always been interested in “obscene” subjects, especially female sexuality. Abuse of Weakness is made in a more traditional style but, thematically, it sits comfortably alongside the rest of your work. It occurred to me while watching the film that infirmity is another issue that we often censor from the public view. I’m thinking of that closeup of Maud’s right hand trying to wrestle open the other, palsied hand. It reminded me, oddly enough, of Fu'ad Aït Aattou’s and Asia Argento’s naked, entangled bodies in The Last Mistress.
BREILLAT: I think that is a beautiful image. It’s strange. I’m an invalid, and I know it is not beautiful to be an invalid. Before, I always talked with my hands [she raises her left arm from below the table]. Yes, the image is indulgent, but it’s beautiful. It’s ugly and it’s beautiful.
HUGHES: I know that you tend to not shoot many takes and that you like to walk into a setup and demonstrate for your actors how you want them to stand and move. Have you modified your methods in recent years? Are you still able to participate like that?
BREILLAT: Yes! Always. I thought, when I was preparing to shoot The Last Mistress, that I would never be able to do that again. But an actor doesn’t know how, as the character, to enter the scene. Your body is not the same when you feel desire or power or shame or shyness. You don’t walk in the same manner. Only I can find it, with my body, and I still do.
HUGHES: I assume non-professional actors like Kool Shen are more willing to allow you to control their performances like that. Was that one of the sources of conflict with Huppert at the beginning of the shoot?
BREILLAT: Those first four days really were like a war zone. Who has the power? Once she saw that I had the power she began to obey. And she never obeys. [laughs]���
No, really! The fights were awful, terrible. Isabelle said after that nobody in her life has treated her like that. And I said, “Even Pialat?” And she said, “Yes!” [laughs] “Very, very, very, very worse than Pialat!” It was terrible, the furor.
I think I was wrong. I think I went too far. I didn’t need to be so tough. I was insecure, and some of it could have been avoided. She left the set at times, and we wondered if she would come back. But she always came back to play the scene. And, of course, she was marvelous, so I knew I had to trust her.
HUGHES: There’s a scene where Maud comes home carrying groceries on her back. She stands at the bottom of the stairs and tries to throw the bag over her head. Instead, she loses her balance and falls hard to the floor. It’s a difficult scene to watch. I was worried for her—for Huppert, I mean, not Maud. It made me wonder about your pre-production negotiations with actors.
BREILLAT: No, no. I cut a scene where Isabelle had to climb [raises right hand, implying a great height]. She and I both have incredible vertigo, but if it’s written in the script, she does it. And this I can’t show her how to do!
When we planned her fall at the bottom of the steps, a man prepared a false floor and some protections for her, because she had to hit her wrist on the metal bar. In fact, she fell on her neck. I was stunned because I thought surely she had hurt herself badly. A normal actress would stop the scene and think, “I’m crazy. It’s too dangerous.” Isabelle paid no attention. She’s like that.
Her gift is to be involved with her character just in the time she is playing it, and without protection. Actors are well paid but it is very dangerous work. Because after the shoot they are not themselves. It’s a stain—this other person, which is the part. They are like fantômes when they return to real life.
Isabelle is the character just when the scene begins, even if it is the most poignant scene. Acting is not playful. From here [hand on table representing beginning of scene] to here [hand on table representing end of scene], you are the person you interpret. And Isabelle, she can stop! She throws herself into the role, but when the scene stops, she becomes Isabelle Huppert.
I’ve never seen another actor or actress like that. They usually stay under the influence of the emotion they just played, and that destroys them a little bit. Nothing destroys her, and she knows that, so she can go very, very far. She has such control of her emotions, so she can give way, way more of herself than others do.
HUGHES: I want to change subjects slightly. I saw The Last Mistress, Bluebeard (2009), and Sleeping Beauty (2010) here in Toronto. All three are period pieces, and in the audience Q&As you seemed to take great deal of pride in the materials and fabrics used to make the dresses and bed linens.
BREILLAT: Ha! Of course!
HUGHES: I laughed during the scene in Abuse of Weakness when Maud gives detailed directions for the design of her walking boot because I could imagine you doing just that! So, did you sew all of those pillows on Maud’s bed?
BREILLAT: [Laughs] Isabelle asked what costume designer I’d hired for the movie. I said to her, “Me!” “It’s not possible, Catherine,” she said. “It’s too tiring. You cannot. You cannot.” And she wanted to give me her costumer, her hairdresser, all that. And, of course, I was her costumer. I make almost all of my costumes. I don’t know why. Sometimes I sign my designs with the name of my mother, Maillon, and this time I decided to sign them myself.
Isabelle never saw the costumes. Week after week she never saw the costumes. Finally, her agent asked me why Isabelle hadn’t looked at the costumes. In some ways Isabelle is like a child. She was so happy at the end of the shoot. She had sworn she would never weak black, but after the film she wanted to be in black. And she said, “Catherine, you should be a designer in an elite coutourier!”
For me, all of the set, the color of the set, is also costuming. For example, it was very difficult to find a location for the final scene. I needed a very big table to host the entire family [for when they meet with Maud and her attorney to address her debts]. When I found the location, there were many beautiful objects. But I looked at something like this [points to a window treatment hanging over my head], made of a brocade of silk, and suddenly I knew Maud had to be against that backdrop.
I called my costuming assistant, because we had to dye a silk shirt to match that color exactly. We had to buy raw silk. I wanted to sew an overcoat, so we went into my wardrobe and picked one out and then he sewed one like it in Isabelle’s size. When it was time to shoot the scene, she tried on all of the clothes that were prepared for her. They were beautiful, but only this one suited her.
In that final scene, she’s wearing a thin coral necklace, which I think of as being like a crown of thorns. Several of my films include an image of a throat being cut. I call it the “coral necklace.” It’s just a thin red line, like blood.
And you know the kimono in the film? It’s mine! I found the material with this sort of green and this sort of red and this particular form.
HUGHES: The one Maud puts on when Vilko visits late at night? She asks him to help her tie it, but he more or less ignores her.
BREILLAT: Yes, yes. I was very proud of that scene. It’s the first moment when she wants to be beautiful for him. After, she wears only that ugly, ugly robe. She makes no more effort for him. She neglects her appearance.
http://movieblogs.soup.io/post/349848109/Material-Desires-A-Conversation-with-Catherine-Breillat
NYFF : ABUSE OF WEAKNESS IS BRILLIANT, MADDENING, UNLIKEABLE
In her 2004 Anatomy of Hell, a male character drinks deeply from a glass of "tea" made from a used tampon; the 2001 Fat Girl features a shock-ya moment that made me leap out of my seat and yell "JESUS CHRIST!" In the middle of a rather decorous New York Film Festival screening, no less.But the opening sequence of Breillat's latest picture, Abuse of Weakness--which plays the New York Film Festival on October 6 and 9--is more quietly terrifying than anything she's ever done, maybe partly because of the autobiographical vapor hovering around it. A woman, played by Isabelle Huppert, wakes up one morning and attempts to stand, only to fall to the floor--she lies there for a moment, dumbstruck, her limbs a useless tangle. Somehow, minutes or millennia later, she claws her way to the phone and rings the hospital. "Half of my body is dead," she tells the dispatcher, who proceeds to argue with her. She can't be half-dead if she's capable of using the phone.
It's so like Breillat, the trickster seductress, to cap a moment of pure, hushed horror with a bitter joke. Like all of Breillat's movies, Abuse of Weakness is perversely funny, and it's a good thing she can laugh: Breillat herself suffered a stroke in 2004, followed by a long recovery that temporarily derailed her filmmaking career. But Abuse of Weakness isn't a movie about illness, or bravery in the face of adversity, or anything dreadful like that. It's a story of intrigue and betrayal, though that angle, too, is an echo of Breillat's own life: After her stroke, the filmmaker became friendly with a con artist named Christophe Rocancourt, who ended up bilking her of her life savings, nearly 700,000 euros.
In Abuse of Weakness, Breillat's fictional alter ego, Maud (Huppert), is also a filmmaker. And post-stroke she, too, becomes enthralled by a con man, a hunky thug named Vilko (played by French rapper Kool Shen). Maud sees Vilko on television one night, bragging about his crimes; she decides she must have him for her next film. He swaggers into her comfortably appointed home, bragging about his autodidacticism and helping himself to some of her books. For reasons that can't be explained, yet somehow don't need to be explained, he temporarily takes over her life, like the moon eclipsing the sun.
Abuse of Weakness is brilliant, maddening, unlikeable; it's also among Breillat's most compelling films, and like all her others, it bumps uglies with all sorts of scary intricacies of sex and power. Maud's physical state is very delicate: One hand is nearly useless. She walks with great difficulty (albeit in a pair of punky custom-made orthopedic boots), and if she falls, she runs the risk of cracking her delicate bones. Vilko is often tender with Maud, but there's an air of menace about him, too. "Your big trip is turning men into slaves," he tells her at one point, cutting her down. "It's one plus of being a cripple," Maud shoots back. It's never certain, not even after the last frame, exactly who the victim is.
One thing's for sure: The filmmaking is crisp and sparkling, far more assured than anything Breillat has done in years. (Her last two pictures, the 2009 Bluebeard and the 2010 The Sleeping Beauty, the latter made for French TV, were intriguing and beautifully filmed, yet seemed somehow only half-formed.) Huppert's performance is marvelous, devoid of all her usual actressy brittleness. As Daniel Day Lewis did when he played Christy Brown in My Left Foot, she makes the infirmity disappear: All you see is the person, in all her prickly, captivating glory. And, as always, Breillat is keenly attuned to beauty. In that nightmare opening, after Maud tumbles out of bed, she lies on the floor in an tableau of frozen terror—she's brought a gilt chair down with her, and we get a few moments to contemplate this jumble of gold furniture and golden-hued human being. Only Breillat could take a moment of unadulterated panic and turn it into something as composed and serene as a Japanese floral arrangement. When life gives you lemons, make lemonade. Or, better yet, make movies.
ABUSE OF WEAKNESS (2013)
LFF REVIEWIt’s befitting of Catherine Breillat’s semi-autobiographical latest, Abuse Of Weakness, that its title should be both an encapsulation and meta-commentary on her oeuvre to date; her films equally depict an abuse of weakness – usually between male aggressors and unsettled females – and exhibit one, with her direction of young women feeling exploitative at the best of times and plainly cruel at its worst. But neither is this her first self-referential tale – 2002′s Sex Is Comedy is about a filmmaker struggling to direct two actors in an uncomfortably graphic sex scene, recreating the conditions of her previous À ma sœur! and re-casting its star, Roxanne Mesquida, in the lead role.
Of course, Breillat’s films are packed with self’s – importance and aggrandization chief among them – and it’s worth addressing at this point my previous hatred of her work. If Anatomy Of Hell can’t be claimed as the worst film I’ve ever seen, it is only for the level of technical competence she achieves in its making. But no film since has prompted such physical revulsion from me, its tawdry sexual politics and pompous staging coming off like the work of a fifth-grader who has too quickly gobbled up texts on feminism and the avant-garde.
It was only the fascination of seeing my least favourite director working with perhaps the greatest actress alive, Isabelle Huppert, that drew me to Abuse Of Weakness, and I’m glad it did – the film finds Breillat in good humour, standing naked and starkly reflective behind her camera. Huppert becomes her physical and emotional analog, and in devastating detail portrays the process of a woman searching for her artistic impulse after a life-altering stroke. For once Breillat’s obsession with self is absolutely the point – she is self-aware, self-critical, self-destructive.
Not only that, but the director who not so long ago declared herself “the pariah of French cinema” is refreshingly self-mocking, with one character expressing a dubiousness about working with her because she “only makes porn“. In fact, Huppert even has a great scene where she pitches the idea for a movie about an obsessive actress who is killed and mutilated by the man in her gaze, and I couldn’t help but be endeared by Breillat’s self-deprecation (Endearing! Breillat!)
The film opens with the chilling tremor of a horror score over a shot of creamy white; the camera pans up and reveals Huppert in bed, writhing and struggling to breathe. She calls the hospital and tells the operator that half of her body is dead. “You’re asking for help“, comes the reply, “so you can’t be dead.“ It’s a flash of surrealism which quickly lurches into a prolonged sequence of Huppert’s rehabilitation, as she once again learns to walk, talk and, most importantly, laugh.
These sequences are acted with such conviction that they become hypnotic, and though actors will often tell you that their best work is their most immersive, the roles where you don’t notice the acting for its utterly convincing representation of a human life, Huppert is so good that it’s all but impossible not to remove yourself from the drama to admire her craft, her emotional dedication and range – if such a thing is possible, she’s almost too good to maintain the film’s reality.
It turns out that Maud (Huppert) has suffered a brain hemorrhage and stroke, and once back on her feet she begins work on a new project with the temperamental ex-crook Vilko (rapper Kool Shen), a man she describes as boasting “bitter pride“. He says he will act in her movie if he likes the ending, and upon hearing the idea about the beaten actress he accepts. His demeanor is at first unnerving, but the capricious and greedy man is a walking contradiction, begging Maud for attention and money but living a simple home life with a wife and child whom he clearly loves, yet somewhat neglects.
The troubling relationship which emerges between them is packed with ambiguity, to some extent working as a power-play between people whose personalities harmonize all to well, and to each party’s disadvantage - Vilko is manipulative and enigmatic, and Maud can’t help but be charmed, keeping up with his demands. Perhaps she only does so because of her physical condition and her need for aid, and perhaps his is a genuine addiction (we never actually see Vilko spending any of the money Maud loans him), but their reasons remain frustratingly elusive. What we are left with is a portrait of co-dependent ruin; the characters live independent lives, and for a long time Maud comically patronizes Vilko about his constant calling, but the truth is that they come to become almost one person, their routines, ambitions and finances completely in sync.
Given my previous relationship with her work, to say that Abuse Of Weakness is Breillat’s best film would be something of a back-handed compliment. Truthfully it’s a maturation of theme and craft for its maker, a director finally settling into her own skin. Here is a woman healed, distinctive and brave. It’s the biggest and best surprise of the festival.
Director: Catherine Breillat
Writer: Catherine Breillat
Stars: Isabelle Huppert, Kool Shen, Laurence Ursino
Runtime: 105 min
Country: France, Germany, Belgium
INTERVIEW de CATHERINE BREILLAT
En 2004, la réalisatrice française Catherine Breillat a eu un infarctus qui l'a partiellement incapacitée. Peu après, elle a rencontré un escroc professionnel, Christophe Rocancourt, auquel elle a proposé un travail comme acteur. Au fur et à mesure que leur relation est devenue plus intime, elle a signé des chèques à son intention pour une valeur de près d'un million d'euros, après quoi il a disparu. Dans Abus de faiblesse, la cinéaste règle ses comptes avec elle-même à travers un récit de fiction qui n'est pas biographique, souligne-t-elle, mais reprend bel et bien ce qu'elle a vraiment vécu, après l'avoir raconté dans un livre en 2009. Dans le film, la réalisatrice laisse le spectateur décider qui des deux a le contrôle dans cette relation complexe. À l'écran, le duo central est incarné par Isabelle Huppert et le rappeur et acteur novice Kool Shen. Cette coproduction franco-germano-belge est en ce moment au programme du Festival de Londres. Le film arrivera sur les écrans français en février.Cineuropa : Vous avez du mal à vous défaire de cette histoire. Pourquoi tourner un film sur un sujet que vous avez déjà évoqué dans un livre ?
Catherine Breillat : Je dis toujours que cinéma et littérature sont deux choses complètement différentes. Écrire un livre permet de développer un récit complexe, mais plus linéaire que dans un film. Au cinéma, le recours à l'image offre la possibilité de raconter au même moment une chose et son contraire. Cette double lecture me semblait essentielle pour cette histoire que le public a lue dans la presse et dans mon livre, mais sans pouvoir comprendre ce qui s'est vraiment passé.
Qu'est-ce qui a été le plus difficile à tourner, cette histoire étant ancrée dans une situation très personnelle ?
C'est qu'à moi aussi il m'a fallu du temps pour comprendre ce qui m'était arrivé. Je devais faire ce film et le terminer pour lui aussi. D'une certaine manière, c'est un homme qui faisait montre de sentiments authentiques, et qui a été le meilleur soutien possible pour une personne dans ma situation – car après l'infarctus, j'avais besoin d'une assistance physique.
Vous travaillez généralement avec des acteurs peu connus, mais cette fois, vous avez fait appel à une des actrices les plus célèbres d'Europe pour incarner Maud, un personnage très proche de vous...
Je l'ai choisie parce que j'ai en elle une confiance aveugle. C'est comme un musicien de haut niveau capable de jouer impeccablement un morceau sans avoir besoin d'un Stradivarius. Pendant le tournage, elle ne m'a jamais demandé comment j'avais moi-même abordé les faits, parce qu'elle voulait composer son propre personnage. Elle n'a pas eu besoin non plus que je lui explique comment on se meut quand on est partiellement paralysé. Elle a fait tout le travail toute seule et bien que de temps en temps, la manière dont elle interprétait son personnage ait pu me déranger, je savais bien que cela faisait partie de ces différentes lectures que le cinéma peut présenter en même temps.
Bien que Christophe Rocancourt se rapproche du gigolo, vous avez préféré chercher un rappeur pour incarner sa version fictionnelle, Vilko Piran. Vous l'avez trouvé en Kool Shen. Pourquoi était-il important pour vous d'établir cette différence ?
J'ai pensé qu'à l'écran, l'histoire fonctionnerait mieux avec un personnage qui occupe bien l'espace, une figure plus brutale, dans un sens, voire violente. Je voulais aussi marquer davantage la distance physique entre l'homme et la faiblesse du personnage féminin. Kool Shen est en France un musicien culte, assez débattu, et cela m'était également utile pour créer ce personnage.
ABUS DE FAIBLESSE : LA CRITIQUE DU FILM
L’argument :Victime d’une hémorragie cérébrale, Maud, cinéaste, se réveille un matin dans un corps à moitié mort qui la laisse hémiplégique, orpheline de son corps et face à une solitude inéluctable. Vilko, voyou en costume chic, arnaqueur de célébrités, passe à la télé lors d’un talk-show nocturne. Il est arrogant et crève l’écran avec superbe. Maud le voit. Elle le veut pour son prochain film. Ils se rencontrent. Il ne la quittera plus. Elle aussi, il l’escroque, lui emprunte des sommes astronomiques qui ne signifient rien pour elle. Il lui prend tout mais lui donne une gaieté, une famille. Ce film raconte l’abus de faiblesse dont Maud est victime. L’abus de faiblesse est une qualification pénale mais c’est aussi une extrême, irrésistible douceur.
Notre avis :
Breillat appartient aux rencontres cinématographiques qui forgent un choc de répulsion ou de fascination... La réalisatrice sexuée de Romance a depuis un certain temps dû diminuer son rythme de production, en raison de soucis de santé graves qu’elle a su exorciser dans un livre, puis aujourd’hui, que l’on retrouve au centre d’un film, Abus de faiblesse, mâtiné de fiction. Toutefois Breillat n’a en rien perdu de son esprit, tourmenté, animé par des sentiments de frustration ou d’abandon de soi qui donnent le vertige.
Abus de faiblesse commence de la manière la plus malaisée possible. Dans un lit blanc immaculé, magnifique image de cinéma, composition parfaite issue de l’imaginaire d’une cinéaste qui n’a plus rien à prouver au niveau des idées, Isabelle Huppert lutte pour sa survie, alors que survient un AVC qui la contorsionne, la paralyse... L’empathie immédiate et l’effet miroir du cauchemar redouté par le spectateur sont accentués par des scènes d’hospitalisation, de rééducation.. Avec la force de caractère de l’actrice qui est aussi celle de la réalisatrice, dont on apprécie la rencontre au sommet tant attendue, la ténacité, l’opiniâtreté, la froideur sont de rigueur. Ces impressions dominent dès les premières scènes et donneront le la d’un projet désespéré en quête de renaissance dans la douleur et la lumière. Ici, il s’agit de recouvrer la vue...
Huppert joue la réalisatrice contrainte de tout mettre de côté, alors qu’elle doit réapprendre à vivre. Sa rencontre avec une petite frappe, qu’elle envisage pour un casting, peut évoquer Parfait amour, probablement le meilleur film de Breillat, où la passion, la manipulation menait au fait divers le plus radical possible, lors d’une fin insoutenable. La relation tumultueuse entre Isabelle Renauld, bourgeoise magnifique au physique proche de Romy Schneider, et le voyou joué par Francis Renaud, deux découvertes inoubliables, trouve une belle onde de choc, vingt ans plus tard chez Huppert et Kool Shen. Ce dernier, acteur physique, voulu pour sa virilité brute, se joue d’une victime parfaite, miraculée, en attente d’un sursaut de vie. Fantasme d’amant jamais consommé, le personnage de Vilko, charmeur gouailleur, qui détourne la réalité pour enfermer la femme dans un baratin qui lui coûte cher, est sans aucun doute détestable pour le spectateur, armé du recul que l’héroïne affaiblie ne possède pas. On a du mal à l’apprécier ou à lui trouver la moindre opacité, qui pourrait éventuellement nous permettre de partager la fascination de l’héroïne/réalisatrice pour ce bad boy à la classe tapageuse.
Le Don Juan du milieu carcéral joue d’une présence que d’aucuns pourraient trouver charismatiques, mais qui, curieusement agace par moment. "Abus de faiblesse", il y a, et l’aveuglement du personnage d’Huppert peut fatiguer, alors que le final démontre encore une fois l’incroyable jeu de l’actrice, capable d’apposer à sa rigidité une fragilité extrême qui la brise avec pudeur.
Entre biographie et fiction, Abus de faiblesse suscite le doute, pas celui d’être face à une oeuvre qui tient bien la route, il s’agit du meilleur long de son auteure depuis Anatomie de l’enfer en 2002, mais celui de réellement apprécier le contenu qui nous déconcerte et nous malmène, comme souvent avec Breillat, réalisatrice unique, dont on ne se lasse pas de découvrir les provocations depuis son premier long en 1976, Une vraie jeune fille.
Abus de faiblesse n’est donc pas à bouder, surtout pour Huppert, toujours impériale, mais nécessite toutefois une certaine mise en garde. Son contenu n’a plus le caractère choc et scandaleux des œuvres passées, mais en lorgnant sur le médical cérébral peut s’avérer être aussi douloureux.
http://www.avoir-alire.com/abus-de-faiblesse-la-critique-du-film
INTERVIEW ISABELLE HUPPERT : L'AVENTURE INTÉRIEURE
Février 2014En presque quatre décennies d'une carrière debutée très jeune, Isabelle Huppert s'est imposée en compagnie de Catherine Deneuve comme l'actrice la plus importante du cinéma français. Audacieuse, radicale dans ses choix, exigeante à un degré rarement atteint, elle impose aux spectateurs de ses films comme aux réalisateurs qui la font travailler une ligne de conduite. On l'a croisée notamment chez Michael Haneke, Claude Chabrol, Jean Luc Godard, Michael Cimino, Benoît Jacquot, Werner Schroeter, Hong Sang-soo ou encore Maurice Pialat. Le cinéma populaire ne l'a jamais ignorée. Une diversité qui fait d'Isabelle Huppert un territoire créatif autonome, au-delà même des films. Alors qu'elle s'apprêtait a occuper avec Louis Garrel la scène du Théâtre de l'Odeon pour Les Fausses Confidences de Marivaux, nous l'avons rencontrée a l'occasion du nouveau long-métrage de Catherine Breillat. Dans Abus de faiblesse, Huppert joue le double de la cinéaste, victime d'un AVC en 2005 avant de rencontrer Christophe Rocancourt et de tomber sous son emprise. Un rôle ou l'actrice incarne la souffrance physique et psychique avec une profondeur sans égale.
Numéro : Connaissiez-vous Catherine Breillat avant de jouer dans Abus de faiblesse ?
Isabelle Huppert : Nous sommes amies depuis très longtemps. Elle avait déjà écrit quelques romans et tourné son premier long-métrage Une vraie jeune fille, je crois, quand nous nous sommes rencontrées. Nous sommes très proches. À plusieurs reprises elle m'avait proposé des films. Si nous n'avons pas tourné ensemble avant Abus de faiblesse, c'est parce que je n'avais pas été convaincue par ses propositions. Pourtant j'aimais beaucoup son cinéma, notamment 36 fillette, À ma soeur et Sex Is Comedy. Cette fois, je n'ai pas hésité à accepter.
Derrière la caméra se tenait la personne qui a vécu ce que vous deviez incarner : l'accident cérébral, la relation avec Christophe Rocancourt. À quel point vous êtes-vous inspirée d'elle ?
J'ai découvert les détails de la relation que vous évoquez dans le livre très précis que Catherine a écrit. Pour le travail sur le corps, je n'ai fait que la regarder. Je me suis approprié ses gestes et ses attitudes. Elle a une manière très particulière de rire avec laquelle nous nous sommes amusées une fois ou deux. J'ai aussi porté des vêtements proches des siens - c'est d'ailleurs elle qui a choisi les costumes. Le mimétisme s'est arrêté là, car l'intérêt et la force de l'entreprise consistaient à convertir en une fiction totale ce qui lui est arrivé. D'ailleurs je ne ressemble pas à Catherine. L'histoire s'est forcément transformée à mon contact. Abus de faiblesse n'a rien d'un documentaire, c'est une fiction qui raconte une relation d'emprise. C'est l'histoire de Catherine, mais on peut s'y reconnaître. Comme le dit le titre, il y a une faiblesse et celle-ci est particulière. Mais au fond cela pourrait être n'importe quelle faille, n'importe quelle relation qui unit puis désunit deux personnes dont l'une possède une forte emprise sur l'autre. Et puis la force ou la faiblesse circulent de l'une à l'autre, c'est plus complexe que cela en a l'air. Par ailleurs, tout est pensé en termes de cinéma et non pas en termes de reproduction de la réalité. On le voit dans la première scène qui montre de façon presque allégorique l'accident cérébral. On assiste d une manière assez belle, dans la souffrance évidemment, à la transformation d'un corps. Il n'y aucun chantage au vécu dans Abus de faiblesse. ll est rare que quelqu'un transforme sa propre souffrance avec autant de maîtrise. C'est troublant, courageux, assez bouleversant. Cela a favorisé une liberté totale de son côte et du mien. La distance que j'ai pu prendre en faisant le film, est celle que Catherine a avec sa propre histoire. En vraie cinéaste qu'elle est, elle en a fait un film.
Pour vous, jouer ne signifie jamais imiter un modèle. Quand vous avez interprété des personnages issus de faits divers ou de la politique, vous n'avez jamais singé leurs traits.
L'Ivresse du pouvoir de Claude Chabrol parlait d une certaine réalité [Isabelle Huppert incarnait une juge inspirée d'Eva Joly] mais n'avait rien d'un biopic ou l'on reconnaîtrait les protagonistes à coup sûr, comme dans Yves Saint Laurent par exemple. Je n'ai jamais fait de films avec cette nécessite de reproduire un personnage existant Ce n'est pas un choix délibéré de ma part, ce sont plutôt les occasions qui m'ont manqué.
Mais vous n'êtes pas une actrice à "performances".
Pour moi, jouer veut dire incarner plutôt qu'imiter. Cela étant, certains acteurs l'ont prouvé très brillamment, on peut incarner tout en imitant. Mais à chaque fois, sans transformations particulières, j'espère faire croire à des personnages -même si ce mot ne m'appartient pas tellement- ou plutôt à des réalités différentes de la mienne.
Pourquoi n'aimez-vous pas le mot "personnage" ?
Je ne l'ai jamais aimé. Parler de personnage, c'est poser une limite. J'ai davantage l'impression de jouer des états ou des personnes. De cette manière, on est plus libre d'opérer quelque chose qui est de l'ordre de la mue, cette fusion entre soi-même et un autre.
Quand vous préparez un rôle, quelle méthode employez-vous ? Je ne vous imagine pas lisant une multitude de livres sur le sujet dont traite votre prochain film.
Au début, l'approche d'un rôle c'est de la pensée plutôt que de l'action. C'est observer. Essayer les costumes. Rêver éveillé. C'est un peu impressionniste : tout a coup, un détail me fait penser au rôle Mais ce n'est pas un travail très effectif. Une longue préparation, ce n'est pas nécessaire même si, bien sûr, certains rôles l'exigent. Pour La pianiste, j'ai beaucoup travaille le piano.
Votre partenaire dans Abus de faiblesse, Kool Shen, jouait pour la première fois. Est-il arrivé avec aussi peu de préparation que vous ?
Il savait son texte parfaitement Ce n'est pas toujours mon cas et j'ai l'habitude de m'en débrouiller, d'apprendre au dernier moment. Dans le film, Kool Shen est d'une justesse confondante, avec une grande intelligence de jeu. ll est musicien, ce qui est peut-être la meilleure école pour l'art dramatique. ll n'était jamais déstabilisé, ni en état de faiblesse... ll n'avait pas besoin que je le soutienne particulièrement. C'était vraiment très agréable.
J'ai l'impression qu'aujourd'hui vous vous amusez beaucoup au cinéma, peut-être encore plus qu'il y à dix ou vingt ans. Chez le Coréen Hong Sang-soo, dans In Another Country (2012), on ressent une totale liberté dans votre jeu.
L'amusement peut venir de la variété : aller d'un pays à l'autre, explorer de très grandes différences. Prendre le cinéma comme une aire de jeu infinie est quelque chose que j'ai toujours eu envie de faire et qui s'est un peu accentué ces derniers temps, avec un petit tour du monde, un film aux Philippines (Captive de Brillante Mendoza, 2012), la Corée... J'organise toujours un peu le hasard et les rencontres. Dans l'absolu, Hong Sang soo n'a pas besoin de moi, ni moi de lui, mais nous avons quelque chose en commun, une curiosité.
Pour moi, il est un des plus grands réalisateurs actuels, même si peu de gens sont au courant !
Il existe beaucoup de fantasmes autour de Hong Sang-soo. On raconte qu'il improvise tout le temps C'est comme ceux qui fantasmaient sur Chabrol, croyant que son cinéma prenait forme à mesure que son auteur mangeait. Chez Hong, vu de l'extérieur, il y a une économie modeste, mais, à l'intérieur de ce dispositif minimal, une réflexion extrêmement précise se met en place. Cela donne un cinéma sophistiqué et élaboré que j ai adoré connaître. Les gens sont intrigués par le fait qu'il n'existe pas vraiment de scénario : le récit s'élabore pendant le tournage. Hong écrit des scènes la nuit. Tout son travail repose sur ce postulat assez étrange et excitant. C'est réellement un très grand cinéaste.
Hong Sang-soo n'est pas le premier grand cinéaste que vous croisez. Vous avez toujours su les trouver, de Godard à Chabrol, en passant par Cimino et Haneke. Cela vous importe d'être absolument ancrée dans le contemporain ?
Le cinéma et le théâtre, comme toutes les formes d'expression, ne sont vivants que dans la mesure ou ils fabriquent du nouveau : ils annulent ce qui vient de précéder. Donc, il me paraît inévitable d'essayer de voir comment les choses se font autrement. Même si cela n'a rien d'évident et est assez mécanique chez moi, comme un vieux réflexe. Je ne suis pas pour autant fermée au reste de la production, car je pense qu'on peut être a la fois à la marge et au centre. Je n'ai aucun mépris pour les films populaires et je compte bien continuer à en tourner.
Chabrol et Haneke ont ceci de commun qu'ils ont cumulé succès critique et populaire. C'est très rare.
Faire coïncider les deux est beaucoup plus complexe au cinéma qu'au théâtre où une œuvre peut plus facilement avoir du succès malgré une forme exigeante et a priori difficile. Au cinéma, l'écart se creuse dramatiquement entre les deux pôles. Mais cette réalité ne m'affecte pas totalement. ll a toujours été incroyablement difficile de faire des films. Actuellement, si nous observons la société, on n'a jamais autant parle du cinéma. On peut donc se montrer à la fois très optimiste et très pessimiste. Cela s'applique à tout, mais particulièrement au cinéma !
Vous avez croisé de fortes personnalités sur les plateaux. Sans trop de difficulté ?
Cela a été parfois compliqué, par exemple avec Catherine Breillat au début du tournage d'Abus de faiblesse, parce que nous sommes très proches. J'ai eu plus d'affrontements avec elle que je n'en aurais eu avec quiconque, car nous avons quasiment un rapport sororal. Avec d'autres, j'aurais réprimé. La plupart du temps j'évite à tout prix les conflits, car un tournage est toujours un terrain émotif ou ils sont lourds à porter. En même temps, je crois que j'en ai moins peur qu'avant. J'ai connu de petits conflits avec Serge Bezon [réalisateur de Tip Top] au début de notre collaboration et je n'hésite pas à le dire. Auparavant, je ne me serais peut-être pas autorisée à les avoir et je n'en aurais jamais parle ! Maintenant, je m'en fiche un peu. Je suis prête a affronter les discussions, dès lors qu'il y a de l'intelligence en face. Elles sont parfois roboratives, voire régénérantes. Les comédiens peuvent être soumis à tout, jusqu'à ce que leur liberté soit menacée. Mais c'est évidemment un sentiment très subjectif.
Dans la dernière partie de Tip Top, vous lapez les gouttelettes de sang qui s'écoulent de votre nez après un épisode sexuel agité avec votre époux. Vous aimez les rôles qui convoquent une certaine folie ?
J ai parlé à une chèvre chez Hong Sang-soo. C'est assez peu courant. Les cinéastes peuvent projeter de la folie sur moi, cela ne me dérange pas du tout.
Même si vous avez tourné a plusieurs reprises avec Chabrol, Jacquot ou Haneke, vous avez toujours réussi à ne pas être vue comme une égérie ou comme la "prisonnière" des réalisateurs. Comme si vous étiez constamment parvenue à vous échapper.
J'ai eu la chance de connaître une grande variété d'expériences. Comme j'ai tourné beaucoup de films, cela finit par tracer un fil conducteur dont je serais la seule instigatrice. La quantité renforce le sentiment de mainmise qui peut émaner de ce que je fais. C'est à la fois conscient et ça ne l'est pas du tout. Bien sûr, je suis responsable du nombre de films que j'ai tournés, de mes envies et de mes choix... Cela dit, on vous prête toujours beaucoup de force et de pouvoir, mais chacun sait que c'est un peu plus compliqué que ça.
Vous n'avez jamais l'air de traverser un film de manière anonyme ou lasse. Comment y parvenez-vous ?
ll suffit que quelqu'un s'intéresse à vous pour que cela arrive. Je crois que l'acteur ne vit que de ça, du désir, presque de l'amour qu'on lui porte. C'est une forme d'élection. On a l'impression d'être élu par quelqu'un qui s'intéresse vraiment à votre personne. Au fond, c'est ce qu'on recherche, le plus souvent possible, le plus loin possible. Ensuite, on essaie de raconter son histoire au sein de l'histoire d'un autre. C'est un peu l'idée. J'ai eu la chance de tourner avec des cinéastes qui s'intéressaient à moi.
Abus de faiblesse de Catherine Breillat - Sortie le 12 février
OBSESSION : ABUS DE FAIBLESSE
Nous séduire, nous la faire, ce que ne tente jamais Catherine Breillat dans Abus de faiblesse. Déjà, question séduction, il faut avoir envie, très envie, pour franchir le cap de ce titre décourageant. Et même, d'une façon plus générale, il faut redoubler de courage pour vouloir se déplacer en salles voir ce que Catherine Breillat arrive à faire, sous une forme très vaguement romancée, d'une histoire qui a défrayé il y a deux ans la chronique : ou comment Christophe Rocancourt, escroc avéré, aurait abusé de la faiblesse de Catherine Breillat, diminuée par un AVC, en devenant (contre promesse d'un rôle pour un film que Breillat n'a au final jamais tourné) son ami le plus proche. Dans les derniers mois de leur amitié, il l’a d’ailleurs incitée à signer des chèques de centaines de milliers d'euros.L'affaire a fini devant les tribunaux (Rocancourt a été condamné en 2012 par le tribunal correctionnel de Paris à seize mois de prison dont huit ferme et à verser 581 000 euros de dommages et intérêts), mais le constat qu'en fait le film en donne une version nettement plus « entre les lignes » que ne peut l'être un jugement de justice.
Parce qu'elle se sentait affaiblie et seule, parce que sans doute la figure de l'escroc la tentait, parce qu’elle s’est crue plus forte que le diable, parce que la tête lui a tourné, Catherine Breillat a signé des palanquées de chèques dans un état de semi hypnose et de dépendance affective. Mais en aucun cas sous la menace.
Son autoportrait est celui d'une femme sous influence, presque celui d'une femme amoureuse. Cela rend le film nettement plus nuancé, toujours ambigu, flirtant toujours dans un entre-deux, quelque part entre la folie aveugle qu'il décrit avec minutie et son malaise de ne pouvoir empêcher une mécanique déjà lancée à toute vitesse. Or cet entre-deux correspond exactement à la froideur du style Breillat : cette façon de jouer des couleurs uniquement métalliques pour peindre des sentiments abandonnés…
Le film n'en finit donc jamais d'impressionner sans rien lâcher ni de sa distance ni de son amertume. Faiblesse ? Quelle faiblesse ? Cinématographiquement parlant, c'est son meilleur film, le plus ferme, le plus implacable depuis Parfait Amour ! en 1996. Et Catherine Breillat, au contraire de David O. Russell, a eu le génie d’un casting alchimique via l'affrontement entre deux chiens de combat : Isabelle Huppert (plus forte que jamais) et l'ex-NTM Kool Shen (juste génial, s'accaparant comme il l'entend du plan).
Pas une seconde Breillat ne lâche l'affaire, pas une seconde elle ne s'apitoie sur son sort. Elle hisse sa propre diminution au rang du pathétique et les plans de Rocancourt au rang du machiavélique. Elle vise le clinique, l'anatomique et l'atteint en plein. Abus de faiblesse mais aveux de force.
ABUS DE FAIBLESSE : LE TEMPS DU CINÉMA
Abus de faiblesse a d'abord été un livre publié chez Fayard en 2009. Catherine Breillat y relatait sa rencontre avec Christophe Rocancourt, qui venait de purger une peine de prison pour escroquerie et à qui elle désirait confier le premier rôle masculin de son film Bad Love. Suivait la longue chaîne des événements qui avaient conduit la cinéaste, affaiblie par les médicaments prescrits pour son hémiplégie (conséquence d'un accident vasculaire cérébral), à renoncer à son film, tout en prêtant des sommes folles (autour de huit cent mille euros) à Rocancourt qui avait su gagner son amitié, alors qu'elle se débattait avec la maladie. Jusqu'à ce que, ruinée, elle brise enfin le silence autour de ces transactions secrètes et dépose une plainte pour "abus de faiblesse".Au moment de négocier les droits de ce livre avec son éditeur, Breillat avait pris soin de s'en réserver les droits d'adaptation car elle avait déjà décidé d'en faire un film. Ni pour se venger ni comme une thérapie, mais parce que cette histoire offrait un magnifique matériau pour une artiste qui pense cinéma du matin au soir. Tout en voulant procéder comme sur ses autres films, tous inspirés de sa propre vie ou de faits divers, Breillat devait prendre assez de recul avec les faits. Elle a mis deux ans et demi pour écrire son scénario, au lieu des trois semaines habituelles. Ce travail de maturation a été profitable. Si Maud rappelle la cinéaste jusque dans ses gestes (Isabelle Huppert interprète le rôle avec un mélange de naïveté enfantine et d'intelligence acerbe), elle est aussi une autre, une femme incroyable, victime et résistante qui affronte an quotidien Vilko, escroc international et séducteur de pacotille. Avoir confé ce rôle ingrat au rappeur Kool Shen, compère de Joey Starr dans le groupe NTM, est une superbe intuition qui renvoie aux meilleurs choix de casting de Breillat hors acteurs professionnels (du hardeur Rocco Siffredi au mannequin Fu'ad Ait Aattou, en passant par la journaliste Claude Sarraute). Kool Shen occupe d'emblée l'espace du loft de Maud à la maniere d'un fauve. Il faut voir avec quelle grâce féline il escalade sa grande bibliotheque, avant d'user de stratagèmes adolescents (baisers volés et autres forfanteries) dans ses techniques de drague, qui échouent toutes lamentablement.
Car de séduction, il est forcément question. Même s'il est grotesque et outrancier dans ses approches, Vilko amuse Maud, ce qui s'avère in fine une emprise peut-être plus forte que celle du sexe. Surtout pour une femme qui, après la découverte de la paralysie de la moitié de son corps, avait demandé à son orthophoniste de commencer par lui réapprendre les mouvements de la bouche pour rire. Sans être beau, Vilko exerce un charme sur Maud, qui se venge de lui en l'obligeant à la porter, à lui enfiler ses bottes et, plus tard, en le cantonnant, les nuits où elle l'héberge, dans un petit lit-cage à la Baby Doll à l'autre bout de sa chambre. Entre eux, des étagères qui rappellent les murs de couvertures de New York-Miami insufflent une ambiance de comédie américaine dans un contexte tendu. C'est le moment où Maud s'accroche à ses derniers espoirs de récupérer son argent, même si au fond d'elle-même elle sait qu'elle a tout perdu.
Cette combinaison du rire et de l'horreur est renforcée par le regard de la cinéaste qui tend à styliser le réel. Comme dans la séquence d'ouverture avec le drap blanc qui va révéler un corps infirme, la mise en scène donne des éclats flamboyants aux événements les plus tristes. Lorsqu'elle chute, emportée par le poids de ses commissions, Maud a l'air d un papillon noir sur le carrelage de son entrée ; juchée sur un tabouret chez son prothésiste, elle a les allures d'une reine. Ces visions éclatantes paraîtront familières aux amateurs des films de Breillat qui ne manqueront pas de comparer Maud aux autres héroïnes de la cinéaste. Notamment dans sa manière de se frotter, de défier et de succomber, enfin, à son prédateur. Maud donne son argent à Vilko comme ses sœurs de cinéma finissaient par céder leur corps aux garçons qui les harcelaient. Et elle en retire la même honte, au point d'en faire un secret coupable qu'elle garde pour elle, qui n'en finit plus d'enfler et d'empoisonner son quotidien.
Jusqu'à l'explosion forcement grandiose. Le meurtre de Parfait Amour !, la rencontre avec le sérial killer dans À ma sœur ! ou, ici, la confrontation avec le conseil de famille, tribunal symbolique filmé en champs/contrechamps, à la barre duquel Maud ne peut qu'avouer : « Cette femme, c'était moi et ce n'était pas moi ! »
Avec cette phrase, Breillat donne la clé de son cinéma. La beauté de ses personnages tient toujours à ce vertige qui s'empare d'eux pour leur permettre de se contempler sombrer dans l'abîme. D'où le jeu sur les reflets, les miroirs, les ob|ets. Le tableau de femme nue au mur qui renvoie au propre corps de Maud ; ses bottes noires « SM », devenues le symbôle d'une domination qu'elle n'arrive pas à asseoir sur l'autre. Chaque élément de décoration a été soigneusement contrôlé par Breillat qui, pour la première fois, revendique au générique la création des costumes, comme la redingote de Maud et son kimono aux motifs inventifs. Pour les mettre en valeur, Alain Marcoen, directeur de la photographie attitré des frères Dardenne, a dû composer une lumière éclatante, sans une once de naturalisme. S'en dégage une certaine âpreté qui trouve son écho dans les dissonances de la musique de Didier Lockwood. Cette partition inspirée scande les différentes étapes de la descente aux enfers de Maud pour les seules oreilles du spectateur. L'héroïne n'écoute que Vilko qui la poursuit au téléphone, quand il ne la harcèle pas à son domicile pour la noyer dans un flot de paroles. N'était-ce pas d'ailleurs sa voix qui avait d'abord attiré Maud la nuit où elle l'avait repéré à la télévision ? En brisant le sortilège, Maud voit enfin l'escroc derrière le charmeur et peut rester sourde à ses suppliques. Blottie sur son lit contre le corps rassurant de son fidèle assistant réalisateur, dont elle a retrouvé la complicité, elle semble émerger d'un long cauchemar qui a commencé dans la première scène lorsque, entre ses draps, elle a découvert qu'une moitié de son corps était morte.
ABUS DE FAIBLESSE : LA CINÉASTE ET L'ESCROC, UN DUEL EXPLOSIF
Il arrive qu'un titre de film soit dûment recensé dans le code pénal. Celui-ci figure à l'article 223-15-2 :« Est puni de trois ans d'emprisonnement et de 375 000 euros d'amende l'abus frauduleux de l'état d'ignorance ou de la situation de faiblesse soit d'un mineur, soit d'une personne dont la particulière vulnérabilité, due à son âge, à une maladie, à une infirmité, à une déficience physique ou psychique ou à un état de grossesse, est apparente ou connue de son auteur, soit d'une personne en état de sujétion psychologique ou physique résultant de l'exercice de pressions graves ou réitérées ou de techniques propres à altérer son jugement, pour conduire ce mineur ou cette personne à un acte ou à une abstention qui lui sont gravement préjudiciables. »
Quelques retentissantes affaires – liées aux noms et aux fortunes subséquentes d'une Liliane Bettencourt ou d'un Albert Uderzo – ont récemment porté ce lamentable délit, ou à tout le moins sa suspicion, sur la scène publique. Il se commet d'ailleurs pour des hauteurs financières plus modestes, comme en atteste le cas personnel de la réalisatrice Catherine Breillat.
Cinéaste du désir, du sexe et de la cruauté, voici presque quarante ans qu'elle tire des salons du cinéma français un plaisir plus mélangé que celui du pur esprit.
Mais la voici victime d'un AVC en 2005. A force de volonté, elle se rétablit lentement, revient à son métier. Le processus, admirable, ne va pas sans souffrance. Son chemin croise ainsi celui de Christophe Rocancourt, aigrefin de haute volée en activité depuis 1989 (du moins hors de ses séjours répétés en prison), qui a fait du gotha international la cible privilégiée de ses escroqueries. Entre le suborneur et la cinéaste, le courant passe. C'est elle qui vient le chercher, pour un film qui n'aboutira pas. Ce qui aboutit, en revanche, dans la poche de l'acteur pressenti, ce sont les 700 000 euros qu'il soutire à la réalisatrice à la faveur de leur relation intime, et qui lui ont valu d'être lourdement condamné.
Une part de mutuel défi entre ces deux grands fauves de la mise en scène entra, on se permet d'en faire l'hypothèse, dans leur relation, au cours de laquelle Catherine Breillat présuma de sa lucidité et de ses forces.
UN GESTE COURAGEUX
Dupée sur toute la ligne, la cinéaste, après avoir tiré un livre de sa pitoyable aventure (Abus de faiblesse, coécrit avec Jean-François Kervéan, Fayard, 2009), en fait aujourd'hui un film. Il faut saluer le courage de ce geste, qui l'expose dans sa déchéance physique comme dans sa faiblesse morale. Il faut, en même temps, reconnaître au film toutes les vertus de la fiction. A commencer par le choix des acteurs, qui dénote, si besoin était, que Catherine Breillat a conservé sa prescience et sa justesse artistiques. Soit Isabelle Huppert dans le rôle de Maud, l'ex-rappeur Kool Shen dans celui de Vilko.
L'intelligence consiste à reconduire dans le casting une différence de nature similaire à celle qui sous-tendait l'histoire vécue. D'un côté, une star du cinéma français doublée d'une professionnelle hors pair. De l'autre, un acteur débutant, venu d'une tout autre scène, et désiré pour cette raison même. La rencontre est explosive. Elle fait s'entrechoquer la personnification d'une bourgeoisie qui expie sa condition par la décadence et la macération et le représentant d'une classe populaire qui fait de la bourgeoise une victime à dépouiller avec un coeur parfaitement sec. En d'autres mots, ces deux-là ont tragiquement besoin l'un de l'autre, tant sur le plan de la lutte sociale que sur celui de la guerre, non moins inégalitaire, du désir.
UN HUIS CLOS SCANDALEUX
Isabelle Huppert campe ainsi une Maud à moitié paralysée, qui n'est pas maîtresse de son corps et ne peut plus faire face à certaines exigences de la vie quotidienne. C'est une femme à la fois autoritaire et diminuée, colérique et fragile, refusant de s'apitoyer sur elle-même et trouvant dans ce compagnon de fortune, qui l'a séduite par son immoralité, un remède à la terrible solitude qu'elle doit affronter.
Kool Shen joue quant à lui la partition, brute de décoffrage, d'un type déterminé et inquiétant, qui saigne à blanc et sans scrupule cette femme dont il sait qu'elle n'a ni le désir ni la force de lui résister. Voilà bien la surprise du film : on s'attendait à un Arsène Lupin de l'escroquerie, au voleur fin et élégant d'un film de Lubitsch, on a ce type épais, brutal, à l'intelligence pénétrante et vicieuse, dont la stratégie se révèle cousue de fil blanc.
Ce que rend donc intelligible Catherine Breillat d'une histoire qui semble échapper à la raison, c'est la simplicité et la cruauté extrêmes de la relation qui liait cet homme calculateur et cette femme désemparée. Elle payait pour l'avoir, il se donnait tant qu'elle payait. Rien de plus, rien de moins. A sa famille, l'admonestant une fois le scandale dévoilé, Maud ne saura rien répondre d'autre que : « Il était là. » C'est sur cet effrayant aveu que Catherine Breillat termine son huis clos scandaleux, farce noire qui violente l'idéalisme, mais force l'admiration.
ABUS DE FAIBLESSE : BREILLAT SIGNE UN FILM BRILLANT ET PERVERS
NECTAR OF ABUSE OF WEAKNESS
In French filmmaker Catherine Breillat’s new film “Abuse of Weakness (Abus de faiblesse),” film director Maud (Isabelle Huppert) suffers a stroke leaving her with hemiplegia on the left side of her body. Lying in a hospital bed, she can’t move without help from doctors and nurses, and is not even able to laugh or recognize colors. Knowing that nothing will be the same, she struggles to accept her new self. After release from the hospital, she proceeds with a new film project and meets the irresistible Vilko (Kool Shen), a con man who grew up in harsh circumstances and has now become famous for his exploits. Maud is no exception; Vilko swindles money from her too but she deliberately falls into the joy of possession of this charismatic man.The opening scene begins with a slow heartbeat that suddenly stops, as if implying the end of Maud’s life or her rebirth. Even though your mind is active, your body feels dead; you exist but don’t exist at the same time. Ms. Breillat describes this story as an inevitable return to childhood. You essentially become a baby without a choice: without help you are not capable of doing things that you want to do. You become weaker and fragile, and the power you had before suddenly collapses. The story is fictional but ultimately autobiographical of Ms. Breillat herself who suffered a stroke in 2004.
While carrying a broken heart, Maud tames the arrogant Vilko. Vilko opens the door for her and walks beside her, steadying her cautious steps. This tender side of the wolf pleases her. In real life Ms. Breillat ended up giving con man Christophe Rocancourt 678,000 euros over two years, however this isn’t a story of a disabled woman who becomes a victim. They cherish the synchronicity of themselves living in a dream that will end one day, just like Japanese culture admires the short life of cherry blossoms. With Vilko, Maud is able to descend into the void together. It is the timing and phenomenon. The two persuaders fall deeper and deeper until the dream bursts into the air.
COOL met the wonderful Catherine Breillat to discuss “Abuse of Weakness” during the 51st New York Film Festival.
In an earlier interview, you said that you were afraid to make this film. Could you talk about your fear towards making this film?
Yes, but I have never been afraid in my life to do what I am afraid to do. That is my character.
So there is no particular fear?
It’s something for me like objection. Always an aspect of my character is “against.” Not with, but against. It’s no problem. I do the contrary. I always do the contrary.
You wanted to depict an inevitable return to childhood. The physical part is more obvious, but could you talk about the emotional aspects of returning to childhood while still having maturity?
In the first month in the intensive care unit, I was supposed to never walk again. Never. It was real emotional, strangely. It was not for the invalid aspect but how I was so lost in my body. I was not the same; I was different. It was impossible to work, to go to the museum without a wheelchair. I hate that. So yes, but all that, in fact, I accept. Sometimes I’m crying when I am alone, but I accept. But for the movie, the worst for me was to go in the place where I become like a child with all the people who help me to walk again. I was very strong and didn’t need to have a person to console me, to be in their arms. But, in this place, my character changed and became somebody with such an appreciation, and said “thank you” to each person who took care of me, for the first time in my life.
What were you imagining in your hospital bed?
I dreamt of cinema, of the Bresson film “Lancelot du Lac,” a magnificent one, sort of mixed with a Shakespeare by—the Japanese movie with the Noh and the fog, very poetic, and always war. War and desolate movie, you know? And in the night, this finger was up. That was a movement. And when the professor came in the morning I said to her, “I think my finger moved last night.” I told her the whole story of the movie, and after I was so confused I thought, “I’m telling the professor when they have no time about a movie to save my finger.” She asked me to show her. It’s very difficult to do the more finer movements because you have to ask the nerves in the head to make the order for this movement. And my finger moved like that, and she said, “Make a scan, she will walk again.”
I was reading an interview you did in 1999. You were talking about your movie “Romance” and, in regards to filmmaking, you said, “I try to uncover in me or about myself that I didn’t know before.” Could you talk about that aspect in “Abuse of Weakness”?
Yes, because I know the fact, but I don’t know not only the reason but who I am in this situation. Where I know that I do that. You know what you do but you don’t know who is the person who does that. It’s just a realistic ascertainment but I think that life is not so realistic. What you do is not the definition of who you are. Perhaps it is an expression of what you are but not only. I think it’s something stronger than the conscious or the unconscious, and this thing is also the very small nothing between you and me to be the same human person. All is us. I think we do not exist, but we exist like that. We are not made of what we do. And before “Romance” it was the same, in fact, because it was a quest like with a knight, like in “Lancelot du Lac,” like the quest of the Grail, of something which is more exalted and it is above the real life of a knight. I think art is that. Because normally we know that we have to die so why wake up? Why do you want to do something great? What is the difference of doing something great or not? But it’s so important for me that it’s ideal. We have to live with ideal because we cannot awake if we don’t have an ideal. But this ideal is completely nothing. I say that it’s a dream. I know that. “Romance” was that, in fact. Even if “Abuse of Weakness” is about a new attempt which belongs to me, when I make a movie it’s not a biographic moment of my life. It’s the quintessence of an ideal, which is for me cinema. That’s reality.
Some people say that tears and laughter are always together, and horror and Eros are always together, but in your films horror, Eros and laughter are always together. Could you talk about those three elements in your films?
Isabelle was very surprised when she understood that it is also a movie with comedy, because it’s so tragic in fact, and it’s so tragic in my life, but it is also a kind of comedy. I invented the scene with the boot, and of course it’s funny because it’s a joke of solution. What is more, I discovered to come back into the life and be able to say I am very lucky. Isabelle and Kool Shen understood that all the scenes had not to be tragic. But also, it was so delicious in “Abuse of Weakness” because it was to become again an adolescent. For me, I always claim to be an adolescent. Becoming and adult is really repulsing. I think when you become a real adult you are dead. When you are adolescent you have all the life to create something, which is not the life of your parents. The majority of people become exactly like their parents. They think when they are adolescent that the worst for them would be to become like their parents. They think they escape. When you stay adolescent, even when you are forty, fifty and sixty, it’s crazy but not crazy; for me, it’s life. So it’s funny to have a joke of adolescent person outside of the real life. That is comedy for me.
A major theme of your films is female sexuality. What fascinates you about depicting female sexuality in film?
In this film there are not many female sexuality subjects, just in the project of the movie with him. But here you understand what is the sexuality and the power socially between men like, do you know this American movie “Back Street”? The man in the feature film she wants to make is like the woman in “Back Street.” But he becomes violent and he wants this violence. She wants to push; she’s not afraid. That is about sexuality. It’s very, very important for the movie after because it is in fact a resume of what happens after with him and her. It’s not a murder, it’s not sexuality, but its metaphoric for the same things.
I read that you like “In the Realm of Senses” by Nagisa Oshima. In that film, Kichizo always obeys or agrees with Sada’s ideas or offers. In your films, I feel the men are kind of like Kichizo, they agree with the women and do things for them. Could you talk about your view of men and women?
You know, my vision or my obsession: first, I hate man; I like boys – the boyish side of the man. Life is painting, like Michelangelo, the beautiful man – that is boy for me. It’s not boys with the horrible strong attitude of virility. Where the intelligence adjusts the physical strength. I think that the solution is in another place where nobody has the power over the other. Also for the woman, because me, I am not a feminist who says “I want to be above men.” That’s horrible. I don’t want that. Of course it’s a sort of power but more intuitive, it always escapes when you think you have it. And it escapes from one to the other one. What is beautiful to seduce and to be seduced and to be under the power? That’s what I like: to be strong and to understand that to be the stronger is to become and to accept to become the more weak. So, it’s a transfiguration from one thing to another; with cooperation to be the other. Me, I am a boy, but not a real boy.
text & portrait photos by Taiyo Okamoto
stills by Flach Film Production, Iris Films, Iris Productions Deutschland
Production companies: Flach Film Production, Iris Films, Iris Productions Deutschland
Cast: Isabelle Huppert, Kool Shen, Laurence Ursino, Christophe Sermet, Ronald Leclerq
Writer-Director: Catherine Breillat, screenplay based on Breillat’s book
Producer: Jean-François Lepetit
Co-producer: Nicolas Steil
Director of photography: Alain Marcoen
Production designer: Pierre-Francois Limbosch
Music: Didier Lockwood
Costume designers: Catherine Breillat, Francois Juge
Editor: Pascale Chavance
Sales: Rezo Films
No rating, 98 minutes.
ABUSE OF WEAKNESS : FOUR STARS OUT OF FOUR
Back in 2004, Catherine Breillat, the French filmmaker and author responsible for such cinematic provocations as "Romance," "Fat Girl" and "Anatomy of Hell," suffered a massive cerebral hemorrhage that affected her entire left side. After five months of hospitalization and painful physical therapy, she recovered, and, in 2007, was able to resume her directorial career with the powerful period piece "The Last Mistress." That same year, she made the acquaintance of notorious con man Christophe Rocancourt when she contemplated casting him opposite model Naomi Campbell in a screen adaptation of her novel "Bad Love." That film would never be made, but over the next 18 months, Breillat charged, Rocancourt would take advantage of her diminished post-stroke capabilities by convincing her to give him a series of "loans" totaling over 800,000 euros. The courts would agree with Breillat, and, in 2012, Rocancourt would be put in prison for taking her money.To be caught up in a situation like this would be an acute embarrassment for most people—especially those of a prominent position—and many of them would go to extreme lengths to keep as much of a lid on it as possible. Breillat, to put it simply, is not one of those people. In 2009, she wrote a book based on her experience, and, with her latest film, "Abuse of Weakness," she offers up a lightly fictionalized take on the ordeal. This is not the first time that Breillat has mined her own life and work for material—"Sex is Comedy," for example, was a film about a director struggling to shoot a graphic sex scene inspired by her own difficulties in putting together a similar sequence in "Fat Girl"—but this examination of power, greed, emotional manipulation and simple need is gripping and powerful to behold even if you don't know the story behind the story.
The film opens with acclaimed filmmaker Maud Schoenberg (Isabelle Huppert) waking up in the middle of the night to discover that she has no feeling in her left side before collapsing on the floor while trying to summon help. After that comes a wrenching series of scenes in which the once-proud Maud is forced to undergo countless gross physical impositions over the course of several months in order to learn how to walk, talk and even laugh again. Despite nearly a year of treatment and rehab, Maud's steely determination remains ("I've sunk like the Titanic. But if I ever resurface, I'll be like an atomic bomb") and she eventually begins planning a new film involving a sexualized power struggle between a rich and famous woman and the younger, poorer man that she becomes obsessed with, even after things between them become violent.
It is at this point that she wakes up in the middle of the night to see con man Vilko Piran (rapper Kool Shen, a portrait of magnetic insolence) being interviewed on television about his shady past—he brags about having bilked his victims out of more than $135 million—and is fascinated by his unrepentant demeanor. Against the advise of her friends, she decides to cast him in the lead role in her film and right from the start, he begins to insinuate himself in her life in weird ways—during his very first visit to her place, he literally begins climbing up her bookshelves in a move that looks like nothing so much as an animal marking its territory. She quickly falls under his spell and before long, he begins asking her for substantial loans—oh, he has more money than he knows what to do with but those creepy police make it impossible for him to touch it right now—which she bemusedly agrees to give him. Before long, she has given over virtually all of her money and is gradually forced to come to terms with the enormity of what she has done or been coerced into doing.
While watching "Abuse of Weakness," most moviegoers will no doubt be scratching their heads and wondering how a woman as obviously intelligent as Maud (and Breillat, by extension) could possibly fall for Vilko's machinations—right from the start, he is rude and abrasive, and the various stories that he spins in order to separate Maud from her money (including the idea that they co-author a book, a move that somehow requires her to give him a substantial "advance") are not exactly the stuff of "House of Games." A lesser and more reductive film would have come up with some pat explanation for her behavior and painted Maud as nothing more than an innocent victim. As Breillat knows all too well, there is no easy explanation for such actions, and, as the film progresses, she weaves a web of potential rationales—a certain degree of loneliness and isolation in the wake of her terrible ordeal, bemusement at the idea that her movie idea is playing out before her very eyes, the delusion that she can somehow out-manipulate such a master manipulator—and leaves the audience to understand for themselves how things turned out the way they did. She also makes the smart move of presenting Maud not simply as a helpless victim but as a smart and resourceful (despite her loss of faculties) woman whose ultimate predicament is in no small part of her doing.
And who better to portray the formidable but frail Maud than Isabelle Huppert, that most indomitable of French actresses in what is, amazingly enough, her first collaboration with Breillat. Having spent her illustrious career playing strong and sometimes manipulative women, she is the perfect choice for the role, and what she does here is extraordinary in the way that she conveys a woman whose outside sense of bravado is now required to mask physical and emotional vulnerabilities that she is not used to, and which she tries to compensate for in ultimately disastrous ways. She has three particular scenes here that are among the best that she has ever played—the opening sequence in which she suffers her hemorrhage in an agonizing but somehow understated manner, a moment towards the end where she watches Vilko lavish Christmas gifts on his wife and infant child while realizing that she has funded his largesse, and the powerful finale in which she attempts to explain to her incredulous family why she was compelled to give away virtually all her money to a known con man.
Those expecting the intense violence and/or transgressive sexuality of Breillat's earlier films may be disappointed at first to discover that "Abuse of Weakness" is comparatively tame in both departments. That said, this is a work just as startling and potent as anything she has done to date—a powerful example of art being used to exorcise personal demons that is anchored by two stunning performances and some of the most gripping moments to be seen in any film so far this year.
"Kool Shen dans le prochain Catherine Breillat"
Le prochain film de la réalisatrice, Abus de faiblesse, est actuellement en projet et retracera tous les drames qu'elle a vécus. Catherine Breillat s'attardera sur son AVC qui l'a paralysée en 2005 et, surtout, sur l'escroquerie dont elle a été victime de la part de Christophe Rocancourt.Surnommé «l'arnaqueur des stars», celui-ci lui aurait soutiré plusieurs centaines de milliers d'euros avant de disparaître. Dans le cadre de cette affaire, il a été placé le 20 décembre dernier en détention provisoire à la prison de la Santé à Paris.
Abus de faiblesse racontera «l'histoire autobiographique d'une relation autodestructrice entre Maud, metteur en scène devenue subitement hémiplégique et Vilko, escroc flamboyant qui l'attire et qu'elle veut engager dans son prochain film.» Cette nouvelle oeuvre est donc une sorte de thérapie pour la cinéaste, qui tentera d'exprimer tous ses souvenirs traumatisants au travers du film. «Je veux survivre, en lavant mon honneur et ternir à jamais le sien», explique-t-elle aujourd'hui.
Catherine Breillat compte confier son rôle à Isabelle Huppert et celui de Rocancourt au rappeur Kool Shen. Une surprise de casting à surveiller de près, vu le succès de son collègue de NTM Joey Starr cette année dans Polisse. L'équipe du film se retrouvera au second semestre pour commencer à tourner. Le public a réservé un timide accueil aux dernières réalisations de Catherine Breillat. Après les très effacés Une Vieille Maîtresse, pourtant en compétition à Cannes en 2007, une adaptation du conte Barbe-Bleue en 2009 et La Belle Endormie en 2010, ce nouveau projet s'annonce fort en émotion et profondément dramatique.
http://www.lefigaro.fr/cinema/2012/01/13/03002-20120113ARTFIG00559-kool-shen-dans-le-prochain-catherine-breillat.php
ABUSE OF WEAKNESS
Catherine Breillat’s appetite for fearless self-examination has led her to court controversy throughout a long career. What surprises about Abuse Of Weakness (Abus De Faiblesse) is the straightforward approach she has taken to some of the most painful and baffling experiences of her life. Based on Breillat’s 2009 book, this is a considered, unsentimental attempt to understand the filmmaker’s seemingly inexplicable entanglement with a convicted con man.A fully committed performance from Isabelle Huppert captures the physical fragility and emotional vulnerability of the Breillat character and is likely to be one of the major factors in recommending the film to arthouse audiences who have loyally supported Breillat’s work over the decades. The muted, inconclusive nature of the enterprise may disappoint some and does leaves the impression that these intriguing true life events might have worked even better as a documentary.
Breillat suffered a major stroke in 2004 that left her close to death. In the film, imperious filmmaker Maud (Huppert) suffers a massive brain hemorrhage that leaves her paralysed on the left side. There are echoes of The Diving Bell And The Butterfly, as Maud is left trapped by an unreliable body and unable to cope with everyday demands without the support of others.
Huppert is superb at capturing the physical impairment and mental anguish as Maud struggles with speech therapy and rehabilitation. The film has a dry, almost antiseptic air as Breillat relives these experiences with the spartan hospital walls and gleaming white of the doctor’s gowns combining to blind the eye.
Eventually, Maud reaches a point of being able to contemplate a new project. After watching him on a television chat show, she impulsively decides to hire arrogant, boorish con man Vilko (Koll Shen) as her leading man. Vilko is notorious for having spent twelve years in prison and for showing little remorse for his past crimes.
She finds him intriguing and a friendship grows in which they recognise common traits in each other. When he asks her for money, she happily writes him a cheque. As his demands increase, she seems content to keep on writing him cheques, eventually parting with a sum somewhere between 700 and 800,000 Euros. It is money that she will never see again.
The film never really concludes why Maud was so enthralled by the crooked Vilko. ” It was me, and it wasn’t me, ” is her response when her family tries to understand what had possessed her. Instead, it builds a picture of the energy and swagger that made Vilko seem so alive and therefore so beguiling to someone who constantly declares herself to be half-dead.
“I’ve sunk like the Titanic,” she forlornly suggests. French rapper Kool Shen brings a degree of charisma to the incorrigible Vilko, but it is Huppert who remains the star attraction in this pensive cinematic confessional.
Production companies; Flach Film, Iris Films
International sales; Rezo, www.rezofilms.com
Producers; Jean-Francois Lepetit, Nicolas Steil
Cinematography; Alain Marceon
Editor: Pascale Chavance
Production designer; Pierre-Francois Limbosch
Music; Didier Lockwood
Main cast; Isabelle Huppert, Kool Shen, Laurence Ursino, Christopher Sermet
http://www.screendaily.com/reviews/the-latest/abuse-of-weakness/5060074.article
Abuse of Weakness (Abus de faiblesse): Toronto Review
TORONTOFrench filmmaker Catherine Breillat makes her most personal film yet with Abuse of Weakness (Abus de faiblesse), a largely autobiographical account of the filmmaker’s stroke, which left her partially paralyzed, and how a notorious con man she had lined up for her first post-stroke film project swindled her out of a lot of money.
Based on Breillat’s book of the same title, Abuse of Weakness (a French legal term) casts Isabelle Huppert as the film director Maud, Breillat’s alter ego, and French rapper Kool Shen as Vilko, a character based on Christophe Roconcourt, the man who managed to get several hundred thousands of dollars from Breillat for business ventures and the repeated promise he would eventually pay it all back. Like in all of the director’s work, psychologically reductive readings of the characters are absent, though intriguing performances give audiences a way into the material.
Breillat has a small but loyal following and her unusual pairing with a star of Huppert’s caliber has already secured high-profile slots at the Toronto, New York and London festivals. It should also pique the interest of boutique distributors.
Though closely based on reality, Breillat injects the proceedings with a small dose of fiction, perhaps to give her the possibility to more objectively direct this very personal story. Thus, Maud’s name is different, the story’s set in Brussels, Belgium, and Huppert looks nothing like the raven-haired Breillat (there’s an eerie early scene where the director and Maud, both stroke victims, slowly shuffle past each other in a hospital corridor). Interestingly (except perhaps commercially), the feature seems less an exercise in catharsis than an almost documentary-like exploration of the facts that somehow led Breillat to be so irrationally kind and complacent toward someone who was clearly not making rational demands.
In the first reel, Maud finds herself hospitalized after a brain hemorrhage, can’t see colors or count anymore and has a lot of problems moving one side of her body (Huppert's frighteningly convincing here). When she’s a bit better, she moves back into her loft, though she still needs help to do everyday chores as the problems with moving her arm and hand persist. This dependence is quickly noted by Vilko, a crook who swindled people out of millions and whom Maud is thinking of casting in her next film just because he has the right charisma. “I’ll be around often,” he says, right after Maud has explained she doesn’t hang out with her actors before the shoot.
Maud’s family is mostly absent even after she’s been reduced to a shadow of her former physical self and there’s a sense that Vilko, simply by being present, filled a void. There is no sexual component to their relationship -- an awkward kiss from the married Vilko is quickly dismissed -- but there’s an attraction that definitely has a corporal element, as Maud’s weak body needs the help of Vilko’s muscular frame.
“It was me and it wasn’t me,” explains the director after she’s signed away all her life savings to Vilko in a dozen or so checks. Did she feel she had to compensate him for simply being there and allowing her to continue on living or did she unconsciously want to be ruined by him (she was aware of his background, after all)? These questions are never fully answered, though Huppert’s impressively layered and intensely physical performance -- no recent film comes to mind where so much of the petite actress was seen full-frame -- beautifully manages to suggest that Maud was at least as guilty as Vilko was, even if she theoretically was the weaker of the two.
Opposite her, Kool Shen is an imposing presence whose blend of coarseness and kindness offers exactly what Maud needs. “There needs to be at least one advantage to being handicapped,” Maud says to Vilko after he’s told her she wants to turn men into slaves, and there’s a sense that for Breillat, Vilko/Christophe embodied the idea of the submissive but still macho male that was at the service of a self-determining woman, though the price she paid for it turned out to be a steep one.
Further keeping things personal, Breillat is not only one of the two credited costume designers but also shipped an entire container of her personal books and furniture to Belgium to decorate Maud’s house.
Venue: Toronto Film Festival (Masters)
Production companies: Flach Film Production, Iris Films, Iris Productions Deutschland
Cast: Isabelle Huppert, Kool Shen, Laurence Ursino, Christophe Sermet, Ronald Leclerq
Writer-Director: Catherine Breillat, screenplay based on Breillat’s book
Producer: Jean-François Lepetit
Co-producer: Nicolas Steil
Director of photography: Alain Marcoen
Production designer: Pierre-Francois Limbosch
Music: Didier Lockwood
Costume designers: Catherine Breillat, Francois Juge
Editor: Pascale Chavance
Sales: Rezo Films
No rating, 98 minutes
http://www.hollywoodreporter.com/review/abuse-weakness-abus-de-faiblesse-624715
ENTRETIEN : HUPPERT TOURNE ABUS DE FAIBLESSE À BRUXELLES
Entretien du vendredi 19 octobre 2012Isabelle Huppert serre dans ses bras Catherine Breillat. L’actrice et la cinéaste ont trouvé leur point d’équilibre. Elles tournent ensemble Abus de faiblesse, inspiré de la mésaventure dramatique vécue par Catherine Breillat, financièrement dépouillée par Christophe Rocancourt, l’arnaqueur de Hollywood. Une proposition particulière puisque la cinéaste met en scène, dans ce film coproduit par des Belges (Iris Films), une vraie fiction dans laquelle elle se raconte. Nous retrouvons Isabelle Huppert dans sa caravane, au cœur de Bruxelles, pour parler de cette nouvelle aventure singulière mais aussi pour comprendre pourquoi elle n’arrête pas de tourner et reste intensément passionnée. Car c’est bien une actrice hors du commun que Catherine Breillat a choisie. Une actrice qui n’a plus de frontières et voyage dans des univers aussi divers que fascinants. La preuve actuellement. Le Festival de Gand programmait cette semaine trois de ses films récents : Captive, du Philippin Brillante Mendoza ; In another country, du Coréen Hong Sang-soo et Amour, de l’Autrichien Michael Haneke, qui sort en salle mercredi.
Il y a quelques jours, vous déclariez à « Libération » que « ce que le spectateur voit à l’écran, c’est toujours moins un personnage que moi » à propos de vos rôles chez Mendoza et Hong Sang-soo. Avec le film de Catherine Breillat, n’êtes-vous pas là un personnage qui, de surcroît, fait effet miroir avec la cinéaste ?
Pas complètement. Disons que j’ai une autre personne en face de moi, qui est Catherine et ça, ce n’est pas anodin. Mais ce que j’ai dit sur le fait que le spectateur voyait plus moi qu’un personnage à l’écran est valable pour tous les rôles. Il le faut ! Car on approche plus de la vérité de cette manière. Dans le cas particulier de Abus de faiblesse, il y a un modèle très présent mais il ne s’agit pas de l’imiter complètement. Il faut aussi que ça m’appartienne.
Est-ce facile à atteindre quand la personne est en face de soi et dirige le film ?
C’est sans doute plus facile pour moi que pour Catherine. Car elle a tendance à vouloir beaucoup se mettre à ma place. Elle a plus de mal à lâcher l’affaire. En même temps, c’était prévisible. Je ne m’attendais pas tellement à autre chose.
Comment avez-vous construit le personnage de Maud ?
J’ai tout de suite compris que Catherine voulait donner une orientation à cette histoire. Elle voulait une forme de gaieté. C’est ça qui rendra le film émouvant et surprenant. On ne s’attend pas à être plus dans le rire que dans les larmes. Il y a des larmes, bien sûr, mais il y a beaucoup de manières de s’amuser des situations. Ce n’est pas une invention. Catherine affronte de cette façon sa situation dans la vie.
Vous aviez déjà incarné des personnages réels à l’écran mais c’est la première fois que vous êtes face à votre « modèle »…
Oui, oui. C’est inédit. On est dans un contexte lourd mais il y a une histoire romanesque pour qu’on croie à de la fiction. Au cœur : deux personnages opposés, deux archétypes. D’un côté, une femme intellectuelle, raffinée et en face, un homme brut, très charismatique. Les contours s’opposent très facilement. Le fait de les mettre ensemble, ça raconte quelque chose de manière immédiate.
Vous n’avez pas hésité ?
Non. Cela fait longtemps qu’on avait envie de tourner ensemble. Je n’ai pas hésité car j’y trouvais quelque chose de très émouvant et un rôle formidable à jouer. Catherine met en scène et raconte son histoire à l’intérieur. C’est particulier. Au lieu de me faire peur, cela m’a attirée.
Cela rejoint vos envies de cinéma d’aller partout dans tous les sens du terme ?
Oui. Mais c’est surtout Catherine qui va ailleurs. Moi, j’avais envie de la suivre dans cette proposition étrange pour elle et qui consiste à raconter sa propre histoire tout en faisant de ça une vraie fiction. Le défi, c’est plus à elle qu’à moi qu’elle le lance. Cela peut produire quelque chose de très fort.
Jouer une personne hémiplégique, c’est… ?
Très simple à intégrer. Jouer tout un rôle comme ça donne une grande fragilité au personnage. Maud se raconte beaucoup par le corps et par cette gaieté qui vient contredire la difficulté du corps. En fait, on n’en a pas beaucoup parlé avec Catherine. Voyez-la, comme elle est magnifique.
On se rencontre le plus souvent lors de la sortie des films. Ici, on est en plein tournage. Comment vivez-vous cet état ?
Difficile de décrire cet état. Souvent, quand un film est terminé, je refais tout le film dans ma tête et je me dis comment ai-je pu faire ça ?! Un tournage, c’est comme si on baignait dans un liquide. On fait des choses un peu inconsciemment. C’est très mystérieux. Il y a quelque chose de magique qui se produit jour après jour. À l’arrivée, ça fait un film. Une fois que le film est terminé, on me dirait de le refaire, ce serait épouvantable, un vrai cauchemar ! Le plaisir vient de l’inconnu : on ne sait pas ce qu’on va faire scène après scène, jour après jour. Et c’est pour ça qu’on trouve l’énergie et l’invention.
Donc, il y a une part d’inconscience ?
Oui au sens propre du mot. On peut se laisser porter sans vraiment comprendre tout à fait. Mais ce n’est pas dans l’idée de prendre des risques inconsidérés.
Vous tourniez beaucoup comme débutante mais vous tournez autant aujourd’hui, après quarante ans de carrière ! Le cinéma participe à ce besoin d’un mouvement ininterrompu pour vous ?
J’aime l’idée que ça ne s’arrête pas mais la motivation n’est pas de rentrer dans des histoires ou des univers, c’est vraiment quelque chose de très personnel : c’est plonger dans un état qui me convient. Bien sûr, je ne le fais pas avec n’importe qui. J’essaie de bien choisir mes films. Je choisis les metteurs en scène avec qui j’ai envie de tourner. Car ce plaisir, il se partage aussi. Le cinéma est un travail collectif. Pour bien le faire, autant le faire avec des gens qu’on admire, qui vous inspirent et vous transportent. À l’intérieur de ça, je trouve un plaisir qui me satisfait très, très personnellement.
Ce plaisir a-t-il évolué entre vos premiers films et aujourd’hui ?
Pas vraiment. Disons qu’il est de plus en plus grand. Cela n’a rien à voir avec ce qu’on fait mais avec ce qu’on est. Je me sens encore mieux maintenant. Le fait d’en faire beaucoup est très agréable. Dans Libération, je parlais de routine. C’est très agréable la routine. J’aime beaucoup ça. Car routine n’est pas du tout péjoratif pour moi. Ça me procure un mouvement ininterrompu et une facilité à faire.
Une routine, d’accord mais une routine très variée quand on vous voit chez Haneke, Mendoza, Chabrol, Chéreau, Ozon ou Joachim Lafosse…
Absolument. La routine n’est que dans le fait de répéter inlassablement mais je le fais dans des univers très différents.
Quand vous entendez « action », que se passe-t-il en vous ?
Une forme de plaisir, tout simplement. Jouer, j’aime ça. Donc quand je peux le faire, je suis très contente. Je trouve toujours la ressource de faire, refaire car c’est toujours de l’invention même si c’est très écrit ou très préparé avant.
Peut-on y voir un parallèle avec le plaisir procuré par le théâtre où chaque soir permet de se renouveler ?
Bien sûr. Dans l’idée de répétition avec la dimension d’invention. L’enjeu est très différent mais il y a cette même envie de trouver la nouveauté dans le jeu. Mais au cinéma, il y a le choix des prises et le montage qui nous échappent complètement.
Frustration par rapport à ça ?
On reçoit toujours moins qu’on ne donne ! C’est inévitable. Quand on fait un film, on est dans un processus sensible. On engage le maximum de soi. Quand on voit le film, il faut le partager avec les autres et ça, c’est une petite épreuve d’humilité. Il y a aussi l’épreuve très frustrante du montage. Il voudrait mieux ne pas voir ses films.
La réalisation ne vous tente pas ?
Pas spécialement. Réaliser, c’est affronter le pouvoir, l’autorité, savoir donner des ordres. C’est une autre forme de servitude. Je ne m’en sens pas capable.
Catherine Breillat : « Le sujet, c’est un corps sain contre un corps détruit »
Place Sainte-Catherine, au cœur de Bruxelles. Dans le fond d’un hangar, Catherine Breillat finalise une des scènes fortes de son nouveau film, Abus de faiblesse, histoire de Maud et de Vilko, la belle intellectuelle devenue vulnérable suite à un AVC et le mec musclé, bestial, inspirée de sa douloureuse expérience personnelle tant au niveau de la maladie que de l’arnaque financière dont elle fut victime. Sur l’écran de vision apparaît Isabelle Huppert étendue sur le sol, le visage blême. « Action ! » L’actrice tente de se relever mais n’y arrive pas, son corps raidi par un accident cardio-vasculaire. Elle gémit, pleure puis hurle à l’aide. « Coupez ! » Isabelle Huppert se lève et rejoint la cinéaste. 18e jour de tournage. L’émotion déborde. Elles se serrent dans les bras l’une de l’autre. Les larmes de fiction d’Isabelle se mêlent à celles, bien réelles, de Catherine Breillat.
Pendant la pause déjeuner, la cinéaste nous dira : « C’est le film sur lequel j’éclate en sanglots tout le temps ! Car je vois vraiment ce qui est arrivé. C’est hallucinant : c’est pour moi plus ce qui arrive à quelqu’un d’autre qui est moi. Et j’en ai conscience. Je fais aussi ce film pour transmettre aux gens une émotion, c’est un grand sujet. Ce n’est pas une autobiographie en ce sens-là. » Elle dit aussi : « Je ne suis plus infirme quand je tourne. »
Cataloguée scandaleuse pour ses films provoc’, de 36 fillette à Romance, Catherine Breillat affiche sa détermination et sa vulnérabilité. Ce quatorzième film serait-il un deuxième exutoire après le récit autobiographique publié en 2009 sur sa rencontre avec Christophe Rocancourt, escroc charmeur qu’elle avait choisi pour son film Bad love et qui n’hésitera pas à lui soutirer les économies d’une vie alors qu’elle est devenue hémiplégique ? « Ni le récit ni le film ne sont exutoires ! Le livre, c’étaient des faits, dit-elle. Une vision de... quand je n’avais pas de vision de ce qui m’était arrivé. Le cinéma, c’est un art. Un film, c’est fait de chair et d’âme. Je ne suis pas dans la copie conforme de Rocancourt et moi. Les gens verront une situation où ils peuvent se retrouver. Un AVC, ça vous arrive du jour au lendemain. Un jour, j’étais comme vous, le lendemain matin, j’étais comme moi ! L’abus de faiblesse aussi, c’est très courant ».
Extérieur, jour. Un gros 4 × 4 est garé sur le trottoir. Vilko et Maud se dirigent vers la voiture. Elle clopine. Il la soutient. Elle n’arrive pas à monter dans la voiture. Il la porte. Catherine Breillat répète la scène avant de laisser place à Isabelle Huppert. « Je ne sais même pas comment bouge mon corps. Donc, je ne peux pas diriger Isabelle sans faire moi-même les scènes, les visualiser et expliquer ce que je peux faire ou pas. Pour une actrice, c’est l’ultime difficulté. »
Mais pourquoi Isabelle Huppert ? « C’est une des actrices françaises les plus intellectuelles. Elle est à la fois très dure et très enfantine. J’ai cette dureté pas toujours bien perçue et ce côté enfantin qui donne une grande vulnérabilité. Dans la vie, je suis une poire ! »
Face à Huppert, Catherine Breillat place Kool Shen, le rappeur de NTM. Comme jadis, elle prit Rocco Siffredi dans Romance. « C’est l’intello et la brute. Kool Shen n’a pas le côté gigolo et charmeur de Rocancourt mais il a quelque chose. J’aime aller chercher ailleurs. Je dis souvent que j’invente mes acteurs. Mais il faut qu’ils soient très doués pour cela. J’ai pris un rappeur car je voulais un corps, une énergie. C’est donc le corps sain contre le corps détruit. C’est en partie le sujet. » Elle nous dira encore : « Je me suis souvent inspirée de faits divers. Ici encore mais cette fois, je le connais intimement. J’avais le choix entre rire et pleurer. J’ai choisi de rire. »
Toronto Film Review: 'Abuse of Weakness'
Catherine Breillat’s films have always been autobiographical, often painfully so, and yet “Abuse of Weakness” cuts even closer to the marrow than the rest. Featuring iron-nerved Isabelle Huppert as the director’s onscreen equivalent, a partly crippled French helmer named Maud, the uneasy-making story re-creates a situation in which the helmer cast a known con man to star in her next film, only to be swindled by him in the process. Between its perverse power games and co-dependent sadomasochism, the almost frigidly unsentimental pic seems an ideal double bill with Roman Polanski’s “Venus in Fur,” but will likely prove too personal to attract much of an audience.Huppert’s involvement marks something of a special occasion for Breillat, who typically prefers to work with lesser-known or completely non-professional actors — a predilection that got the director into the fix she portrays here. One evening, while recovering from a brain hemorrhage whose devastating effects are coolly depicted in the opening scene, Maud spots unrepentant criminal Vilko Piran (Kool Shen) on the evening news and, struck by his coarseness, demands that her assistant director arrange a meeting.
Maud wants Vilko to star in her next film, which Breillat aficionados will recognize as an adaptation of her novel “Bad Love.” Had it come to pass, the film would have depicted the strange, abusive relationship between a celebrity (to be played by Naomi Campbell) and her secret lover (con man Christophe Rocancourt, who sparked the offscreen trouble that follows here). Breillat’s casting instincts are perhaps the trickiest thing to embrace about her always provocative work, considering that whatever authenticity she gains by enlisting porn star Rocco Siffredi (in “Romance” and “Anatomy of Hell”) or the caveman-looking Kool Shen (whom she reportedly found in much the same way, Googling rappers until she found one suitable to play Valko) comes at the expense of a well-rounded dramatic performance.
To insist on employing a real-life criminal not only denies a professional actor’s ability to capture those same qualities onscreen, but invites the wolf in the door, so to speak. Though the system might view Breillat as victim, her film’s title, “Abuse of Weakness” (adapted from her autobiographical novel of the same name), has an almost ironic connotation here: On one hand, it references the legal charge she levied against Rocancourt after he scammed her out of nearly €1 million; on the other, it’s clear from the way Breillat reconstructs their curious relationship that she imagined herself as having the upper hand, despite her physical frailty, and there are many times throughout where Maud appears to be dominating Vilko.
It’s not clear until quite late in the film how desperately Maud craves the attention of her family, seen at her bedside immediately following the stroke, but otherwise too busy with their own affairs to check in with her after the fact. Every now and then, one of her kin pops in to express concern, scolding her for allowing Vilko to so clearly take advantage of her. When Maud needs company, however, the ex-con proves to be her most reliable companion — a perversely romantic notion, wonderfully captured in his awkward attempt to kiss her at one point, and offset throughout by the way he manipulates her checkbook, pocketing her “loans” like an ungrateful teenager who takes his allowance for granted.
True to the rest of her work, the psychology of the situation is too complex to reduce to easy explanations, and though many will mistake “Abuse of Weakness” as an act of either catharsis or revenge, it seems more accurate to interpret Breillat’s exercise as an attempt to understand the often-contradictory impulses that led to her predicament. Apart from early collaborator/mentor Maurice Pialat (for whom she wrote “Police”), few filmmakers have been so unforgivingly self-reflexive in their work, so willing to subvert cinematic elegance in service of ineffable realism. Although this film may represent a one-sided retelling of events, Breillat is hardest on herself, unafraid to suggest that perhaps she had it coming.
Collaborating with an actress as gifted as Huppert brings a necessary humanity to the often-frustrating character. Of all living actresses, only Huppert could capture nuances that alternately elicit sympathy and fierce sexual attraction to a recent stroke victim. At one point, Maud vows that if she ever recovers, “I’ll be an atomic bomb,” and Huppert proves the point. In the press notes, Breillat explains that she cut long scenes of physical therapy from the film, and though difficult-to-watch depictions of the initial stroke and subsequent epileptic attacks cement our allegiance with Maud, it is the character’s formidable strength — not her weakness — that comes through loud and clear.
"Un premier grand rôle de cinéma pour Kool Shen"
En 2009, la romancière et cinéaste Catherine Breillat publiait «Abus de confiance», un livre autobiographique racontant comment elle s'était fait soutirer près de 850'000 Euros par l'escroc Christophe Rocancourt. Elle va en signer elle-même l'adaptation cinématographique avec, dans les rôles principaux, Isabelle Huppert et Kool Shen, le rappeur ancien membre de NTM. Ce dernier interprètera un escroc flamboyant qui attire une metteur en scène hémiplégique qui veut l'engager dans son prochain film.A noter que Catherine Breillat avait été victime en 2005 d'un Accident Vasculaire Cérébral (AVC) qui l'a laissée paralysée du côté gauche. Kool Shen, qui n'avait fait que des apparitions anecdotiques dans quelques films, trouvera là son premier grand rôle principal, dans la foulée de son compère de NTM Joey Starr («Polisse»). La production d'«Abus de confiance» démarrera dans le courant de l'année 2012.
http://www.20min.ch/ro/sortir/cinema/story/Un-premier-grand-r-le-de-cinema-pour--Kool-Shen-18186198
ABUS DE FAIBLESSE : Kool Shen dans le prochain Catherine Breillat
Le prochain film de la réalisatrice, Abus de faiblesse, est actuellement en projet et retracera tous les drames qu'elle a vécus. Catherine Breillat s'attardera sur son AVC qui l'a paralysée en 2005 et, surtout, sur l'escroquerie dont elle a été victime de la part de Christophe Rocancourt. Surnommé «l'arnaqueur des stars», celui-ci lui aurait soutiré plusieurs centaines de milliers d'euros avant de disparaître. Dans le cadre de cette affaire, il a été placé le 20 décembre dernier en détention provisoire à la prison de la Santé à Paris.Abus de faiblesse racontera «l'histoire autobiographique d'une relation autodestructrice entre Maud, metteur en scène devenue subitement hémiplégique et Vilko, escroc flamboyant qui l'attire et qu'elle veut engager dans son prochain film.»
Cette nouvelle oeuvre est donc une sorte de thérapie pour la cinéaste, qui tentera d'exprimer tous ses souvenirs traumatisants au travers du film. «Je veux survivre, en lavant mon honneur et ternir à jamais le sien», explique-t-elle aujourd'hui. Catherine Breillat compte confier son rôle à Isabelle Huppert et celui de Rocancourt au rappeur Kool Shen. Une surprise de casting à surveiller de près, vu le succès de son collègue de NTM Joey Starr cette année dans Polisse. L'équipe du film se retrouvera au second semestre pour commencer à tourner.
Le public a réservé un timide accueil aux dernières réalisations de Catherine Breillat. Après les très effacés Une Vieille Maîtresse, pourtant en compétition à Cannes en 2007, une adaptation du conte Barbe-Bleue en 2009 et La Belle Endormie en 2010, ce nouveau projet s'annonce fort en émotion et profondément dramatique.
http://www.lefigaro.fr/cinema/2012/01/13/03002-20120113ARTFIG00559-kool-shen-dans-le-prochain-catherine-breillat.php
Sex and Power: The Provocative Explorations of Catherine Breillat
The work of Catherine Breillat, the French filmmaker and novelist whose movies frequently explore the perversity animating male-female power dynamics in Western society, has always been fearlessly pertinent. These days, as more and more revelations about the sexual predations of high-profile men come to light, they may even be more pertinent.The Criterion Channel section of the streaming site Filmstruck recently unveiled its Catherine Breillat Collection, which offers all the movies the director has made in this century, with the exception of “Anatomy of Hell,” the 2004 movie about men’s fear of menstruation, and one of her most extreme works in terms of explicit content.
The first picture of the collection is the still-shocking “Fat Girl,” from 2001, which centers on a 12-year-old. Anaïs (Anaïs Reboux), chubby, pouty and red-cheeked, feels out of sorts while on holiday, watching her older sister, Elena (Roxane Mesquida), being romanced by a local Lothario, Fernando (Libero De Rienzo). The movie’s central jaw-dropper is a scene, about 20 minutes in, when Fernando visits the girls’ shared bedroom one night. A wide-awake Anaïs is witness to Fernando’s wheedling, inveigling “seduction” of Elena. When Elena instructs her beau to go only so far, he responds “I swear on my mother’s head.” Seconds later, Fernando says that he’s not sure if he can hold himself back and that it would be a shame if he had to go to another girl to get what he wants. And on it goes. It’s excruciating.
Not all of Ms. Breillat’s observations are specific to the vexation of women. This movie, and others of hers, feature intimate implications of the cosmic. I saw “Fat Girl” for the first time in 2001, at the Toronto International Film Festival. This is not quite a spoiler — because believe me, the scene in question is not one that you are going to see coming, even with this reveal — but the movie ends with the central character subjected to a mini-apocalypse: The world she knows ends before her eyes. It’s a shattering scene, constructed with an assurance that is kind of terrifying. On the day I saw the movie, Sept. 8, 2001, I found it too abrupt and arbitrary. Little did I know. Interviewing Ms. Breillat a couple of years later, I told her how my perception of the film changed after Sept. 11; her response was an enthusiastic nod of agreement — and a Gallic shrug.
All the other films in the collection are rich in wit, emotional tumult and philosophical trenchancy. “Sex Is Comedy,” from 2004, is a genuinely funny movie about moviemaking, inspired by the shooting of that startling sex scene from “Fat Girl.” Here Anne Parillaud plays a put-upon stand-in for Ms. Breillat. “The Last Mistress,” from 2008, is a 19th-century tale of a woman who refuses to take her lover’s rejection in stride. This movie’s subversions begin with the casting of a thoroughly modern screen presence, Asia Argento, in the title role.
There has often been a recognizable streak of fantasy in Ms. Breillat’s work, and in recent years she has given her tendencies in that direction freer rein by making films of well-known fairy tales. Her perspectives on “Bluebeard” (2010) and “Sleeping Beauty” (2011) are more than fractured; they are radical. Lola Créton, known in the United States mostly for her work in Mia Hansen-Love’s “Goodbye First Love” (2012) and Olivier Assayas’ “Something in the Air” (2013), gives a fierce performance in “Bluebeard” as Marie-Catherine, the title character’s clever young wife who is confounded by the temptation of a secret chamber in their shared castle.
The collection is completed by “Abuse of Weakness” (2014), Ms. Breillat’s most recent film, and possibly her greatest, so far. It’s a largely autobiographical account of catastrophic events after Ms. Breillat’s brain hemorrhage in 2004. (She also wrote a novel based on her experiences.)
In that film, Isabelle Huppert, in an even more astonishing performance than what she usually serves up, plays Maud, a writer and director we first see sliding out of her bed, half-paralyzed. Ms. Huppert portrays her suffering character, who remains partly paralyzed throughout, with incredible physicality. At times, Maud seems to masochistically luxuriate in her incapacitation. Watching television one evening, Maud is entranced by the bragging of a ruggedly handsome con man, recently released from prison and promoting a book about his swindles. She asks him to star in her next film; he agrees, and he almost immediately starts a psychological game with her.
“I don’t meet with my actors until I start filming,” Maud says, her left hand still crabbed from her stroke. Slumped in a chair opposite her, the con man, played by the French rapper Kool Shen, responds, “You are going to see a lot of me.” Soon Maud is writing him enormous checks and imperiously insisting to herself that she understands what’s going on and has some control over it. This is a subtle but unflinching psychological horror picture with a devastating finale.
If you’re in the mood to do more cinematic exploring, this month the cinephile site Filmatique, which specializes in international movies that normally get scant attention in the United States, focuses on North African directors and films. So far it has posted Mohcine Besri’s 2011 kidnapping drama, “The Miscreants”; Nadine Khan’s “Chaos, Disorder” (2013), a scrappy love triangle set in Cairo; and a female character study from 2012, “Coming Forth by Day,” from the Egyptian filmmaker Hala Lotfy.
On Dec. 22, the Tunisian picture “Challat of Tunis” debuts on the site. Directed by and featuring Kaouther Ben Hania, this mockumentary posits the existence of a criminal in prerevolutionary Tunisia called the Challat. (The word means blade in a Tunisian dialect.) In 2003, the movie tells us, he rampaged through Tunis on a motorbike, hunting down provocatively dressed women and slashing their buttocks with a straight razor.
The movie begins 10 years after, with Ms. Ben Hania trying to visit the prison where the Challat was supposedly held. Stymied, she goes to neighborhoods where he was reputed to have struck. Interviewing local residents, she finds men disparaging the Challat’s supposed victims and their scanty wear. They say things like “One must dress correctly. In a respectful fashion.” The movie teems with such upsetting, but not surprising, instances of victim-blaming. The filmmaker also interviews the maker of a “devout” video game in which the player is the Challat, and gains points for slashing inappropriately dressed women. If the player attacks a hijab-wearing woman, points are deducted. Ms. Ben Hania also explores the home life of a creepy braggart who claims to be the “real” Challat.
This is a satire that stings. The misogyny and threatened masculinity on display half a world away is no different from what exists in the United States; the only distinction is in the pretext. (Many of the men in this movie claim that their retrograde views are endorsed by Islam.) Like the films of Ms. Breillat, “Challat of Tunis” is uncomfortably timely.