Entrevue avec le talentueux acteur Fabrice Deville du film “Les Mystères de la chorale”

Entrevue avec le talentueux acteur Fabrice Deville du film “Les Mystères de la chorale”

Fabrice Deville incarne depuis quelques temps Florent Grasset dans « Un si grand Soleil » sur France 2. Mais l’acteur sera aussi samedi soir en prime time sur France 3 dans « Les Mystères de la chorale » où il campe le personnage de Paul Lefort.

C’est donc naturellement que j’ai demandé une petite entrevue avec lui pour en apprendre un peu plus. Fabrice est quelqu’un de droit et de franc et même s’il fait preuve souvent de beaucoup d’humour, il sait se livrer avec douceur et sérieux.

Bonjour Fabrice merci beaucoup de m’accorder une interview.

Mais je t’en prie. Bonjour Vanessa.

Qu’est-ce qui t’a séduit dans le rôle de Paul Lefort dans « Les Mystères de la chorale » ?

En fait c’est un homme qui va se retrouver avec pas mal de failles. Il essaye de se reconstruire avec ses deux garçons. A un moment dans le film il va regagner le goût de la vie et le fait d’entreprendre des choses après le décès de sa femme. Il retrouve cela au travers de la chorale et c’est comme ça qu’il va rencontrer Caroline jouée par Maud Baecker. Alors je ne dévoilerai rien à savoir coupable ou pas coupable. Le personnage de Paul m’a plu parce que c’est un personnage qui n’est pas dans la séduction qui vit sa vie et essaye de s’en sortir comme il peut.

Existe-t-il un point commun entre toi et ton personnage ? Et si oui lequel ?

Je dirais que tous mes personnages me ressemblent un peu. Après les histoires ne sont pas les mêmes. J’aime ce côté des personnages qui ne montrent pas forcément qu’ils ont des failles. Ce qui peut être mon cas pour avoir beaucoup de failles à l’intérieur. C’est ce qu’a également Paul Lefort. Et au-delà de ça c’est comment on arrive à trouver sa liberté au milieu des contraintes. Le point commun c’est ça parce que j’ai beaucoup de failles que je vais camoufler pour éviter qu’elles ne me bouffent trop la vie et m’empêche d’être auto-centrer. On a ce même rapport : le fait d’avoir des failles l’un et l’autre et de les camoufler.

Ton personnage se retrouve quand même en face de deux enquêteurs Caroline et Louis interprétés par Maud et Nicolas Marié. Qu’est-ce que cela te fait de jouer avec ces comédiens ?

J’adore les rencontres avec les acteurs dès lors qu’ils sont généreux, sympas et drôles. Avec Nicolas Marié ça a été une rencontre immédiate. C’est quelqu’un de charmant. Quand je joue j’oublie le talent de l’acteur que j’ai en face de moi je suis là pour jouer et on discute ensemble. Il a sa façon de faire et de me questionner et je ne me dis pas : « Waouh quel acteur » ! Mais plutôt : « Tiens j’ai un gars qui me pose des questions, je vais lui répondre ». C’est ça qui est bien avec les acteurs de talents j’ai vraiment l’impression d’être dans la vraie vie. Nous sommes des acteurs et on doit prendre cette discussion le plus naturellement possible. Et puis ensuite avec Maud Baecker la complicité fût instantanée. Et dans le film on peut imaginer qu’il puisse y avoir une histoire entre Caroline et Paul et si je suis coupable elle attendra que je sorte de prison et si je suis innocent une belle liaison peut naître entre eux.

Si tu vas en prison pour meurtre je ne pense pas qu’elle t’attendra (rires collégiaux). Mais pour le savoir il faut regarder samedi soir « Les Mystères de la chorale ».

C’est vrai (rires). Il y a des acteurs qui sont très justes. Je ne suis pas impressionné mais juste surpris de me dire : « Waouh c’est chouette ».

Ton personnage chante dans une chorale. Est-ce que toi aussi tu pousses la chansonnette ?

Non je suis sourd d’une oreille et en plus je chante très faux (rires collégiaux).

Au-delà de la chanson, Paul Lefort a quand même un message fort par rapport à la différence.

Oui et je vais aider cette personne à pouvoir avoir un bébé avec une personne du même sexe par une PMA. Pour ma part je n’ai pas le pouvoir de dire que c’est bien ou pas bien mais si les gens sont heureux et accueille un enfant en le comblant d’amour c’est le plus important, qu’on soit hétéro ou homosexuel. Deux femmes ou deux hommes qui souhaitent avoir ou adopter un enfant ça ne me pose pas de problème et que je sois pour ou contre ne regarde que moi.

Laissez les vivre s’ils sont heureux.

Tout à fait, et puis nous les hétéros nous ne sommes pas un modèle de droiture avec le viol d’enfant meurtre ou autre. Je pense que peu importe qui on aime et avec qui on veut fonder sa vie si on est heureux ainsi.

Je suis entièrement d’accord. Comment va Florent Grasset ?

Florent Grasset va très bien. Là, il était justement à un mariage homosexuel. J’ai œuvré dans la série « Un si grand soleil » en permettant à ces personnes de garder leur enfant et de trouver un arrangement intelligent et serein avec une tierce personne. Florent est très content dans sa vie et ça me permet d’être sur la série et en même temps présent sur d’autres films comme « Les Mystères de la chorale ».

Tu as pu tourner d’autre chose ?

Oui « Le prix de la trahison » à Angoulême réalisé par François Guérin avec Mimie Mathy et Mathieu Delarive. Le film va bientôt sortir. Mais aussi « Le crime lui va si bien » avec Claudia Tagbo et Hélène Seuzaret qui a été diffusé mi-janvier sur France 2.

Tu trouves le temps pour tout ?

Oui, en même temps j’ai monté une boîte d’affiche à Toulouse « Lo Factory ». On a créé cela à 3 avec Olivier Dauger dessinateur, mon frère et moi-même. On fait des affiches sur toutes la France. Si tu veux découvrir le site c’est www.lofactory.fr. Toutes nos affiches sont des créations originales inspirées de l’âge d’or de l’affiche.

Je vais regarder. Quel rôle dans un film ou une série aimerais-tu interpréter ?

Je te dis encore une fois un rôle de blessé, de rupture de vie et de questionnement. Des rôles qui peuvent apporter des réponses aux gens. Des rôles qui font un peu plus réfléchir et une personne voyant le film pourrait se dire : « Je vais peut-être avoir la force de le faire ». Ou un rôle dans un film complètement comique qui ne prête pas à réfléchir mais juste à faire marrer les gens. Pour résumé des rôles qui peuvent servir aux autres avec des personnages avec des failles et d’autres qui n’aident pas mais qui font beaucoup rire et déconnecter le cerveau.

Lors de notre première rencontre au festival de Luchon je t’avais posé une question : « Est-ce qu’il y a une question qu’on ne vous a jamais posé et que vous aimeriez qu’on vous pose. Et si oui laquelle » ? Tu m’avais répondu « On ne m’a jamais posé la question de savoir ce qui m’a manqué le plus au monde ? Et comme on ne me l’a jamais posé, je n’ai donc pas pu y répondre. Je ne vais pas le faire aujourd’hui. Mais si quelqu’un prend connaissance de cette question et me l’a posé j’y répondrais ». Alors aujourd’hui je te pose la question.

Ce qui m’a manqué le plus au monde : c’est un père. C’est grâce à un père que tu arrives à te construire et cela t’évite d’aller à la recherche de pères de substitution. En ayant perdu ton père tu perds une partie de ta construction. Tu es obligé de te construire toi-même. Je me suis donc construit comme j’ai pu et pas trop mal au final. Je me disais toujours : « Je vais y arriver, ça va le faire ». Mais en utilisant cette méthode je me suis un peu oublié en pensant plus à un équilibre et en mettant des carapaces ce qui faisait que j’étais difficilement atteignable. Je me suis blindé sur beaucoup de choses pour éviter d’être blessé ou déçu.

Tu t’es protégé.

Oui c’est ça. Tu l’as très bien résumé en deux secondes (rires collégiaux).

As-tu des projets ?

Le développement de « LO FACTORY ». A côté j’ai une boîte de coaching “Moteur Action” que j’aimerais bien développer en région. Le site c’est www.moteur-action.com. Je fais de l’accompagnement sur la gestion de la relation et le management. Et à côté de cela acheter du matériel pour faire un petit peu de montage, filmer et faire d’autres petits courts métrages qu’on retrouve sur Youtube comme « Fabrice Deville dans la peau d’un éleveur » ou « Fabrice Deville dans la peau d’un acteur » et m’amuser avec ça.

C’est un format qui te plaît ?

Oui parce que je peux prendre ma caméra et partir tourner. Je me suis acheté plein de petits matos pour équiper mon IPhone. Le plus importants c’est les histoires : Quelles histoires je veux raconter et comment ? Si j’ai cet élément ça va. Je n’ai pas besoin de grand-chose juste de mon IPhone pour faire des petits plans.

Pour revenir au film « Les Mystères de la chorale », est-ce que tu aurais un mot pour le définir ?

« Humain ». C’est un film qui est très humain. J’ai beaucoup aimé qu’il soit humain et aille au-delà de l’enquête policière. Sans dévoiler quelque chose, l’enquête policière est très humaine. Le rapport entre le flic et sa collègue est très humain, même si c’est un petit rapport de force. Et la relation qu’il peut y avoir ou peut se dérouler entre mon personnage et celui de Maud Baecker est également très humain.

Dernière question. Un petit message à passer ?

Le message c’est de dire aux gens d’oser davantage. De noter sur une feuille ce qu’ils veulent et se donner des petits objectifs quotidiens pour arriver à leur but. Aujourd’hui on nous met tellement de barrières qui sont injustifiées et incompréhensible pour ma part. Il faut arriver à retrouver un peu de liberté au milieu de toutes ces contraintes absurdes. Cela ne pourrait pas faire de mal aux gens.

C’est un beau message. Merci beaucoup Fabrice.

Je t’en prie, c’est un plaisir.

Et ce samedi découvrez son personnage de Paul Lefort à 21h05 sur France 3 dans “Les Mystères de la chorale”.

Vanessa