Déclaration d’intention de Bernard Giraudeau
J’ai souhaité faire un film d’amour déchiré par l’histoire, un film d’aventures, dans le désert, sur les fleuves et les côtes de la Sénégambie.
Les armateurs nantais et rochelais armaient leurs navires pour traiter le morphyl, la gomme, l’or de Galam et surtout le noir Bambara, Toucouleure ou Saracolet.
Les guerres endémiques entre les Rois nègres fournissaient en esclaves les bateaux en partance pour les Antilles. Les équipages des navires embarquaient les hommes, les femmes, les enfants, tuaient les récalcitrants. Le silence du Siècle des Lumières était assourdissant.
Il s’agit d’esclavage mais avant tout de tolérance et surtout d’acceptation de la différence. C’est un parcours initiatique en somme, une prise de conscience, celle d’un homme profondément européen, français, noble, élitiste, aveuglé par le luxe et le confort de sa condition.
Il est des ignorances aussi coupables que le silence.
La Révolution est en marche, inéluctable. Le peuple, lui, se réveille. Mais la France est loin. Dans son palais de sable, le héros de cette histoire ne connaîtra pas la tourment révolutionnaire. Son destin est ailleurs. Il est un autre voyage à faire, un amour inattendu à vivre, des musiques à écouter, une culture à deviner. L’homme nouveau va naître.
Comment découvre-t-il le peuple noir ? Mais plus important que tout, qui est Amélie MAIMOUNA BA l’esclave peule ? Confronté aux doutes, à la contradiction, il s’initie à la sensualité et au métissage.
Il va vivre l’Afrique comme peu de blancs l’ont vécue à cette époque.
Les déchirements, les doutes jalonneront le fleuve de sa vie africaine. Le maître et l’esclave. Le père et la fille. L’homme et la femme.
Au temps de “notre” Révolution Française, le héros de cette histoire tente, sur une terre neuve mais déjà bafouée, de faire cet “Eloge de la différence” qu’Albert Jacquard n’écrira que deux siècles plus tard.” .