Avec le petit peuple du vignoble bordelais
France 3 diffuse ce soir un documentaire sur la situation précaire des travailleurs de la vigne des grands crus du Bordelais. Passionnant et dérangeant.
Sur la route des vins du Bordelais, tout semble respirer le luxe et le calme. Mais la réalité est tout autre quand on arpente les vignes à hauteur des femmes et des hommes qui y travaillent. Derrière les belles entrées, il y a des problèmes de rémunération, de considération envers ces petites mains qui ont décidé de faire valoir leur rôle et être reconnu à leur juste valeur.
Et le constat de départ est affligeant : selon les statistiques officielles, la population la plus démunie est concentrée dans la zone des grands vignobles. Le long de la très touristique route des châteaux, vivent sous le seuil de pauvreté pas moins de 60 000 personnes. Assez étonnant, ce couloir de la pauvreté se superpose parfaitement à la carte des grands crus. Les chiffres sont là et on ne peut les contester. D’un côté, les vignobles célèbres dans le monde entier, dont les propriétaires sont LVMH, Lalique, Axa, Rothschild, Auchan, Chanel, Dassault ou encore François Pinault, vendant du rêve, et de l’autre, des travailleurs de la vigne dont les conditions de travail sont peu enviables. Deux mondes qui ne se côtoient jamais. Ce film n’élude pas les conditions sanitaires des travailleurs de la vigne comme l’utilisation des pesticides. L’autre souci souligné est la taxation des grands crus considérés comme exploitation agricole ce qui ampute fortement l’argent revenant aux communes les hébergeant.
“Un film équilibré”
Documentaire à charge ? Ixchel Delaporte s’en défend : “Je pense que ce film est équilibré car il donne la parole à tout le monde, à des directeurs des grands châteaux, à un ancien syndicaliste, à des viticulteurs modestes, au président du Conseil Interprofessionnel du vin de Bordeaux et au maire d’une commune médocaine. C’est la première fois à la télévision que l’on aborde le sujet de la précarité dans le milieu du vin dans le Bordelais. Je trouve normal de donner plus largement la parole aux gens qui travaillent, se bougent sur le terrain et essaient d’aider ceux qui triment, plutôt qu’aux grand crus qui savent déjà très bien faire leur communication.
Jean-Michel SELVA