Ah! C’était ça la vie! ressuscite le Quartier latin fifties
SAINT GERMAIN DE TRES PRES
Saint-Germain-des-Près, dans les années 50. La France de l’entredeux, qui tente de se reconstruire sur les ruines de 39-45 alors que grondent l’Indochine et l’Algérie. C’est dans cette période trouble et mouvante, ère absolue du foisonnement d’idées, du jazz et des engagements politiques, que l’on suit François, Jean et Eduardo.
Trois amis inséparables, d’origines sociales très différentes, qui refont le monde dans les caves enfumées du Quartier latin. A leurs côtés, Laurence, Julie, et Neus, sœurs, mères, amies ou amantes.
Territoire cosmopolite et lieu d’échanges passionnés, le quartier qui a vu s’épanouir les intellectuels de la deuxième moitié du siècle dernier sert à la fois de décor et de sujet central à ce téléfilm. De la montagne Sainte-Geneviève aux grands appartements bourgeois, du Flore au Tabou, on lit, beaucoup ; on s’exalte, évidemment, et bien sûr, on tutoie Boris (Vian) et Juliette (Gréco). Dans Ah, c’était ça la vie !-phrase empruntée à un refrain d’Yves Montand-, on assiste aux débuts de la télévision, aux balbutiements de la société de consommation, à la mort de Staline. Le tout dans une France entre deux générations, incarnées par le rigide monsieur de Reuilly-Nonancourt (Claude Brasseur) et son fils François (Raphaël Personnaz) . Entre des parents réacs, antisémites et procolonisation, et une jeunesse intello et progressiste, encartée au PCF mais parfois paumée par les dérives du stalinisme, la réussite matérielle et la guerre.
Car le téléfilm explore et interroge la notion d’engagement, politique et personnel, à l’épreuve de l’histoire. Un engagement à son comble avec le personnage d’Eduardo (Manu Fullola), qui, après avoir fui avec sa mère la dictature de Franco, décide d’entrer dans la clandestinité pour combattre le régime.
Une réplique quasi autobiographie de la vie de l’écrivain Jorge Semprun, qui cosigne le scénario et les dialogues du film avec le réalisateur Franck Appréderis.
Avec son élégante et discrète intégration d’images d’archives, Ah c’était ça la vie ! dresse un joli panorama de cette décennie centrale du XXe siècle. Mais son souci de précision historique vient parfois étouffer les personnages, rigidifier leurs positions et couper les ailes à leur possible destinée romanesque.