REVUE DE PRESSE
NOTE D'INTENTION de Paolo et Vittorio Taviani concernant Le Mas des Alouettes
Nous aimons ce film et nous sommes convaincus que le public l’aimera aussi, parce que les points forts de ce récit sont ancrés dans deux grands moments de l’histoire humaine.
NOTE D'INTENTION de Paolo et Vittorio Taviani concernant Le Mas des Alouettes
Nous aimons ce film et nous sommes convaincus que le public l’aimera aussi, parce que les points forts de ce récit sont ancrés dans deux grands moments de l’histoire humaine. Le premier est lié au sens ancien, mais toujours nouveau, de la famille. Une famille, arménienne, dans laquelle s’accomplit le destin de ses membres: la force, la passion d’un couple d’époux, la mort, chargée de présages, d’un vieux patriarche charismatique, l’ardeur et l’impatience d’une jeune fille en quête d’amour, l’innocence mystérieuse de l’enfance. Des destins individuels qui se croisent et s’affrontent dans la belle demeure de la petite ville arménienne, en Turquie, et dans leur " mas des alouettes " que l’on restaure dans toute sa splendeur à l’occasion du retour tant attendu d’un frère qui a émigré depuis des années en Italie. Dans cette atmosphère d’attente joyeuse et de confiance naturelle dans la vie, les membres de la famille ne remarquent pas les nuages noirs et menaçants qui s’amoncellent au-dessus de leurs têtes. Après des années de co-existence pacifique, les « jeunes de la Grande Turquie », fanatiques et racistes, préparent en secret leur plan de génocide: éliminer l’ethnie arménienne, afin que la Turquie appartienne uniquement aux Turcs.
Et nous en arrivons à l’autre grand moment sur lequel repose le film: un destin collectif qui brise violemment les destins individuels. Un événement terrible d’oppression et de mort: le génocide arménien, une des pages les plus atroces du vingtième siècle, pourtant bien cruel. Notre film ne prétend pas être un documentaire sur l’exode forcé des femmes, des vieux et des enfants, un million et demi d’êtres humains conduits à la mort à travers le désert. Nous évoquons cet événement – très mal connu de nos contemporains - à travers nos personnages, en assistant à la transformation de leur personnalité, au contact de la douleur et de la souffrance. Un personnage se démarque et symbolise la force de cette communauté, la force de la résistance. C’est notre héroïne, Nunik, la belle et mystérieuse jeune fille, qui devient brusquement adulte. Tout le film tourne autour d’elle. Elle a un caractère passionné et vit deux histoires d’amour: la première a le charme, la fébrilité et la fragilité d’une rencontre entre deux adolescents. La deuxième, la plus décisive, a l’intensité tragique du contexte qui l’a engendrée: l’homme est Turc, c’est un des soldats qui conduit la colonne en marche vers la mort, et elle est une des femmes arméniennes vouées à cette mort.
Une rencontre d’amour entre deux êtres qui ne doivent pas et ne peuvent pas s’aimer, et qui culminera dans le sacrifice de la jeune fille. C’est la mort de Nunik qui permettra aux enfants d’avoir la vie sauve en s’enfuyant en Italie; et c’est au nom de Nunik que trois ans plus tard, une fois la guerre terminée, le jeune soldat turc se dénoncera devant un tribunal de justice, et dénoncera l’holocauste du peuple arménien.
Paolo e Vittorio Taviani